Loin des vitres ! clairs yeux dont je bois les liqueurs,
Et ne vous souillez pas à contempler les plèbes.
Des gels norvégiens métallisent les glèbes,
Que le froid des hivers nous réchauffe les coeurs !
Tels des guerriers pleurant les ruines de Thèbes,
Ma mie, ainsi toujours courtisons nos rancoeurs,
Et, dédaignant la vie aux chants sophistiqueurs,
...
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Pour la lutte qui s'ouvre au seuil des mauvais jours,
Ma mère m'a fait don d'un petit portrait d'elle,
Un gage auquel je suis resté depuis fidèle
Et qu'à mon cou suspend un cordon de velours.
" Sur l'autel de ton coeur, puisque la Mort m'appelle,
Enfant, m'a-t-elle dit, je veillerai toujours.
Que ceci chasse au loin les funestes amours,
Comme un lampion... -
Or voici que verdoie un hameau sur les côtes
Plein de houx, orgueilleux de ses misères hautes.
Des bergers s'étonnant contemplent dans la plaine,
Et mon cheval qui sue à la hauteur se traîne.
Pour y vivre l'Octobre et ses paix pastorales
Je vous apporte, ô Pan, mes lyres vespérales.
Les boeufs sont vite entrés. Ils meuglent dans l'étable,
Et... -
Quelqu'un pleure dans le silence
Morne des nuits d'avril ;
Quelqu'un pleure la somnolence
Longue de son exil ;
Quelqu'un pleure sa douleur
Et c'est mon coeur ! -
Quelquefois sur ma tête elle met ses mains pures,
Blanches, ainsi que des frissons blancs de guipures.
Elle me baise au front, me parle tendrement,
D'une voix au son d'or mélancoliquement.
Elle a les yeux couleur de ma vague chimère,
O toute poésie, ô toute extase, ô Mère !
A l'autel de ses pieds je l'honore en pleurant,
Je suis toujours... -
Remémore, mon coeur, devant l'onde qui fuit
De ce lac solennel, sous l'or de la vesprée,
Ce couple malheureux dont la barque éplorée
Y vint sombrer avec leur amour, une nuit.
Comme tout alentours se tourmente et sanglote !
Le vent verse les pleurs des astres aux roseaux,
Le lys s'y mire ainsi que l'azur plein d'oiseaux,
Comme pour y chercher une... -
Je sais là-bas une vierge rose
Fleur du Danube aux grands yeux doux
O si belle qu'un bouton de rose
Dans la contrée en est jaloux.
Elle a fleuri par quelque soir pur,
En une magique harmonie
Avec son grand ciel de pâle azur :
C'est l'orgueil de la Roumanie. -
Rien ne captive autant que ce particulier
Charme de la musique où ma langueur s'adore,
Quand je poursuis, aux soirs, le reflet que mordore
Maint lustre au tapis vert du salon familier.
Que j'aime entendre alors, plein de deuil singulier,
Monter du piano, comme d'une mandore
Le rythme somnolent où ma névrose odore
Son spasme funéraire et cherche à s'... -
La belle Sainte au fond des cieux
Mène l'orchestre archangélique,
Dans la lointaine basilique
Dont la splendeur hante mes yeux.
Depuis que la Vierge biblique
Lui légua ce poste pieux,
La belle Sainte au fond des cieux,
Mène l'orchestre archangélique.
Loin du monde diabolique
Puissé-je, un soir mystérieux,
Ouïr, dans les... -
Elle est de la beauté des profils de Rubens
Dont la majesté clame à la sienne s'incline.
Sa voix a le son d'or de mainte mandoline
Aux balcons de Venise avec des chants lambins.
Ses cheveux, en des flots lumineux d'eaux de bains,
Déferlent sur sa chair vierge de manteline ;
Son pas, soupir lacté de fraîche mousseline,
Simule un vespéral marcher...