• Je t'aime d'être faible et câline en mes bras
    Et de chercher le sûr refuge de mes bras
    Ainsi qu'un berceau tiède où tu reposeras.

    Je t'aime d'être rousse et pareille à l'automne,
    Frêle image de la Déesse de l'automne
    Que le soleil couchant illumine et couronne.

    Je t'aime d'être lente et de marcher sans bruit
    Et de parler très bas et de haïr le...

  • Tu ne seras jamais la fiévreuse captive
    Qu'enchaîne, qu'emprisonne le lit,
    Tu ne seras jamais la compagne lascive
    Dont la chair se consume et dont le front pâlit.
    Garde ton blanc parfum qui dédaigne le faste.

    Tu ne connaîtras point les lâches abandons,
    Les sanglots partagés qui font l'âme plus vaste,
    Le doute et la faiblesse ardente des pardons
    Et...

  • Voici la nuit : je vais ensevelir mes morts,
    Mes songes, mes désirs, mes douleurs, mes remords,
    Tout le passé... je vais ensevelir mes morts.

    J'ensevelis, parmi les sombres violettes,
    Tes yeux, tes mains, ton front et tes lèvres muettes,
    Ô toi qui dors parmi les sombres violettes !

    J'emporte cet éclair dernier de ton regard...
    Dans le choc de la...

  • Ta royale jeunesse a la mélancolie
    Du Nord où le brouillard efface les couleurs,
    Tu mêles la discorde et le désir aux pleurs,
    Grave comme Hamlet, pâle comme Ophélie.

    Tu passes, dans l'éclair d'une belle folie,
    Comme elle, prodiguant les chansons et les fleurs,
    Comme lui, sous l'orgueil dérobant tes douleurs,
    Sans que la fixité de ton regard oublie...

  • C'est en vain aujourd'hui que le songe me leurre.
    Me voici face à face inexorablement
    Avec l'inévitable et terrible moment :
    Affrontant le miroir trop vrai, mon âme pleure.

    Tous les remèdes vains exaspèrent mon mal,
    Car nul ne me rendra la jeunesse ravie...
    J'ai trop porté le poids accablant de la vie
    Et sanglote aujourd'hui mon désespoir final....

  • Il me semble n'avoir plus de sexe ni d'âge,
    Tant les chagrins me sont brusquement survenus.
    Les Temps se sont tissés... Et me voici pieds nus,
    Achevant le terrible et long pèlerinage...

    Je sais que l'aube d'or ne sait que décevoir,
    Que la jeunesse a tort de suivre les chimères,
    Que les yeux ont trompé... Mes lèvres sont amères...
    Ah ! que la route...

  • Ton rire est clair, ta caresse est profonde,
    Tes froids baisers aiment le mal qu'ils font ;
    Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l'onde,
    Et les lys d'eau sont moins purs que ton front.

    Ta forme fuit, ta démarche est fluide,
    Et tes cheveux sont de légers réseaux ;
    Ta voix ruisselle ainsi qu'un flot perfide ;
    Tes souples bras sont pareils aux roseaux...

  • Du fond de mon passé, je retourne vers toi,
    Mytilène, à travers les siècles disparates,
    T'apportant ma ferveur, ma jeunesse et ma foi,
    Et mon amour, ainsi qu'un présent d'aromates,
    Mytilène, à travers les siècles disparates,
    Du fond de mon passé, je retourne vers toi.

    Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes,
    Et ton azur où je me fonds et me...

  • J'erre au fond d'un savant et cruel labyrinthe...
    Je n'ai pour mon salut qu'un douloureux orgueil.
    Voici que vient la Nuit aux cheveux d'hyacinthe,
    Et je m'égare au fond du cruel labyrinthe,
    Ô Maîtresse qui fus ma ruine et mon deuil.

    Mon amour hypocrite et ma haine cynique
    Sont deux spectres qui vont, ivres de désespoir ;
    Leurs lèvres ont ce pli...

  • Droite et longue comme un cyprès,
    Mon ombre suit, à pas de louve,
    Mes pas que l'aube désapprouve.
    Mon ombre marche à pas de louve,
    Droite et longue comme un cyprès.

    Elle me suit, comme un reproche,
    Dans la lumière du matin.
    Je vois en elle mon destin
    Qui se resserre et se rapproche.
    A travers champs, par les matins,
    Mon ombre...