• Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
    Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
    Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
    Avec un long sourire où miroitent tes dents...
    Je t?enlace ; j?ai comme un peu de l?âpre joie
    Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
    Tu souris... je te tiens pâle et l?âme perdue
    De se sentir au...

  • I

    Ô Versailles, par cette après-midi fanée,
    Pourquoi ton souvenir m'obsède-t-il ainsi ?
    Les ardeurs de l'été s'éloignent, et voici
    Que s'incline vers nous la saison surannée.

    Je veux revoir au long d'une calme journée
    Tes eaux glauques que jonche un feuillage roussi,
    Et respirer encore, un soir d'or adouci,
    Ta beauté plus touchante au...

  • Je cherche les endroits où ta robe est allée,
    Où flotte un souvenir de ta jupe envolée,
    Où je retrouve encor dans l?air je ne sais quoi
    Qui me fait palpiter le coeur, et qui fut toi.

    Là, les yeux au plafond, pendant que mon cigare
    Exhale un lent nuage azuré qui s?égare
    Comme dans un brouillard matinal, je revois
    Ton sourire, ton beau sourire d?autrefois...

  • Une heure sonne au loin. - Je ne sais où je vais.
    Oh ! J?ai le coeur si plein de toi, si tu savais !
    Je te vois, je t?entends. Devant moi solitaire
    Une apparition blanche frôle la terre,
    Comme une fée au fond des clairières, le soir.
    Et cette ombre d?amour si radieuse à voir,
    Elle a tes yeux, tes yeux d?émeraude, ô ma vie,
    Dont la douceur étrange aux longs...

  • C?est un soir tendre comme un visage de femme.
    Un soir étrange, éclos sur l?hiver âpre et dur,
    Dont la suavité, flottante au clair-obscur,
    Tombe en charpie exquise aux blessures de l?âme.

    Des verts angelisés... des roses d?anémie...
    L?Arc-de-Triomphe au loin s?estompe velouté,
    Et la nuit qui descend à l?Occident bleuté
    Verse aux nerfs douloureux la très...

  • Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid,
    Les yeux sur ton profil, je songe à l?infini...

    Immobile sur les coussins brodés, j?évoque
    L?enchantement ancien, la radieuse époque,
    Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés !

    Et je revis, parmi les objets imprégnés
    De ton parfum intime et cher, l?ancienne année
    Celle qui flotte encor dans ta...

  • Au temps des Immortels, fils de la vie en fête,
    Où la Lyre élevait les assises des tours,
    Un artisan sacré modela mes contours
    Sur le sein d'une vierge, entre ses soeurs parfaite,

    Des siècles je régnai, splendide et satisfaite,
    Et les yeux m'adoraient... Quand, vers la fin des jours,
    De mes félicités le sort rompit le cours,
    Et je fus emportée au vent...

  • Mon enfance captive a vécu dans des pierres,
    Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon,
    L?usine en feu dévore un peuple moribond.
    Et pour voir des jardins je fermais les paupières...

    J?ai grandi ; j?ai rêvé d?orient, de lumières,
    De rivages de fleurs où l?air tiède sent bon,
    De cités aux noms d?or, et, seigneur vagabond,
    De pavés florentins où...

  • Le soleil brûlant
    Les fleurs qu'en allant
    Tu cueilles,
    Viens fuir son ardeur
    Sous la profondeur
    Des feuilles.

    Cherchons les sentiers
    A demi frayés
    Où flotte,
    Comme dans la mer,
    Un demi-jour vert
    De grotte.

    Des halliers touffus
    Un soupir confus
    S'éléve
    Si doux qu'on dirait
    Que c'est la forêt
    ...

  • Mon coeur est comme un Hérode morne et pâle,
    Un Salomon somptueux, triste et puissant
    Qui suit d?un oeil magnifique et languissant
    Les ballets infinis dans les hautes salles.

    Rêve sans fin, les plus belles ont passé,
    Portant des noms si doux qu?ils font chanter l?âme.
    Le roi s?ennuie à voir tourner ses femmes,
    Roses de feu, les plus chaudes l?ont glacé...