Vous ne savez son nom ? - Celle pour qui je chante
La vie d'amour de feu, puis après est mourante :
C'est un arbre en verdeur, un soleil en éclats,
C'est une nuit de rose ou languissants ébats.
C'est un torrent jeté par un trou de nuage ;
C'est le roi des lions dégarni de sa cage :
C'est l'enfant qui se roule et qui est tout en pleurs,
C'est la misère en cris...
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Mon Dieu ! si elle allait mourir !
Si la pelle allait la couvrir,
Avec son bec de bois qui ramasse la terre,
Si sa soeur ou son frère,
Pour la pleurer allaient venir !
Si la cloche toujours au guet
Allait donner sa voix qui fait :
Mort-mort, mort-mort, en hochant de la tête ;
Et que le fossoyeur fit fête,
Assis au bord de son creux fait !... -
Moi,
C'est toi ;
Nous, c'est toi-moi ;
NOUS DEUX c'est UNE fois ;
Coeurs-de-nous, c'est, Dieu-Ciel en soi ;
Si un jour, SEULE et SEUL... Enfer d'effroi !!!
Jamais ! Elle est ma reine, et Moi je suis son roi. -
Il l'a tirée
De sa poche percée
L'a mise sous ses yeux ;
Et l'a bien regardée
En disant : " Malheureux ! "
Il l'a soufflée
De sa bouche humectée ;
Il avait presque peur
D'une horrible pensée
Qui vint le prendre au coeur.
Il l'a mouillée
D'une larme gelée
Qui fondit par hasard ;
Sa chambre était trouée... -
À Jean Richepin.
Le ciel des nuits d'été fait à Paris dormant
Un dais de velours bleu piqué de blanches nues,
Et les aspects nouveaux des ruelles connues
Flottent dans un magique et pâle enchantement.
L'angle, plus effilé, des noires avenues
Invite le regard, lointain vague et charmant.
Les derniers Philistins, qui marchent pesamment,
Ont... -
À Léon Cladel.
C'est un trumeau. Le site est galant à merveille :
Un ciel bleu ; point d'épis, mais des buissons entiers
De roses ; et partout débouchent des sentiers
Les couples qu'au hasard le Printemps appareille.
Les pimpantes beautés, une perle à l'oreille,
Une plume au chapeau, les grands seigneurs altiers
Cheminent enlacés ; et les fiers... -
Sur la mer de tes yeux sincères
Qu'abritent les doux cils arqués,
Mes rêves se sont embarqués
Comme d'aventureux corsaires.
Sur l'azur glauque de tes yeux
Où baignent des lueurs d'étoiles,
Mes rêves déployant leurs voiles
Ont cru fendre le bleu des cieux.
Et dans vos prunelles profondes,
Beaux yeux perfides où je lis,
Mes rêves sont... -
Il est de fins ressorts dont la marche ignorée
- Ni savants, ni rêveurs, n'ont deviné comment -
Va dans un coin de l'âme éveiller brusquement
Le parfum d'une fleur autrefois respirée.
Autrefois, le céleste épanouissement
De ta bouche qui rit, cette rose pourprée,
M'avait tout embaumé l'âme... Chère adorée
Qui t'envolas si tôt, l'oubli vint lentement !... -
Dans l'air frais du matin où s'effare la feuille,
Dans la jeune clarté des jours roses et bleus,
Dans la nuit solennelle et pure où se recueille
L'âme présente encor des bergers fabuleux,
Dans le cristal des eaux, dans le velours des mousses
Dans l'innocence en fleur des jardins radieux,
Dans le concert que font toutes les choses douces,
Je retrouve,... -
Une douceur splendide et sombre
Flotte sous le ciel étoilé
On dirait que là-haut, dans l?ombre
Un paradis s?est écroulé.
Et c?est comme l?odeur ardente,
L?odeur fiévreuse dans l?air noir,
D?une chevelure d?amante
Dénouée à travers le soir.
Tout l?espace languit de fièvres.
Du fond des coeurs mystérieux
S?en viennent mourir sur les...