Hautes sierras aux gorges nues,
Lacs d'émeraude, lacs glacés,
Isards sur les crêtes dressés,
Aigles qui planez par les nues ;
Sapins sombres aux larges troncs,
Fondrières de l'Entécade
Où chante la fraîche cascade
Derrière les rhododendrons ;
Et vous, talus plantés d'yeuses,
Irai-je encor par les sentiers
Mêlant les rouges...
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Les roses que j'aimais s'effeuillent chaque jour ;
Toute saison n'est pas aux blondes pousses neuves ;
Le zéphyr a soufflé trop longtemps ; c'est le tour
Du cruel aquilon qui condense les fleuves.
Vous faut-il, allégresse, enfler ainsi la voix,
Et ne savez-vous point que c'est grande folie,
Quand vous venez sans cause agacer sous mes doigts
Une corde... -
Les roses jaunes ceignent les troncs
Des grands platanes, dans le jardin
Où c'est comme un tintement soudain
D'eau qui s'égoutte en les bassins ronds.
Nul battement d'ailes, au matin ;
Au soir, nul souffle couchant les fronts
Des lis pâlis, et des liserons
Pâlis au clair de lune incertain.
Et dans ce calme où la fraîcheur tombe,
C'est... -
Roses de Damas, pourpres roses, blanches roses,
Où sont vos parfums, vos pétales éclatants ?
Où sont vos chansons, vos ailes couleur du temps,
Oiseaux miraculeux, oiseaux bleus, oiseaux roses ?
Ô neiges d'antan, vos prouesses, capitans !
A jamais abolis les effets et les causes,
Et pas d'aurore écrite en les métempsycoses :
Baumes précieux, que tous des... -
Je vous revois toujours, immobiles cyprès,
Dans la lumière dure,
Découpés sur l'azur, au bord des flots, auprès
D'une blanche clôture :
Je garde aussi les morts ; elle a votre couleur,
Mon âme, sombre abîme.
Mais je m'élance hors la Parque et le malheur,
Pareil à votre cime. -
Je viens de mal parler de toi, rose superbe !
Si ton éclat est vif, rose, tu sais pourtant,
Seule dans le cristal, au milieu de la gerbe,
Aussi bien que les yeux rendre le coeur content.
Un jour, contre le mur d'une porte gothique
(j'errais en ce temps-là dans les pays du nord)
Rose, tu m'apparus très pâle et fantastique
Et frissonnante au vent plein de... -
Hiver : la bise se lamente,
La neige couvre le verger.
Dans nos coeurs aussi, pauvre amante,
Il va neiger, il va neiger.
Hier : c'était les soleils jaunes.
Hier, c'était encor l'été.
C'était l'eau courant sous les aulnes
Dans le val de maïs planté.
Hier, c'était les blancs, les roses
Lis, les lis d'or érubescent -
Et demain : c'est... -
Paris flambe, à travers la nuit farouche et noire ;
Le ciel est plein de sang, on brûle de l'histoire.
Théâtres et couvents, hôtels, châteaux, palais,
Qui virent les Fleurys après les Triboulets,
Se débattent parmi les tourbillons de flammes
Qui flottent sur Paris comme les oriflammes
D'un peuple qui se venge au moment de mourir.
Le feu de pourpre et d'or... -
A Gabriel Fabre.
On regarde briller les feux de Port-Saïd,
Comme les Juifs regardaient la Terre Promise ;
Car on ne peut débarquer ; c'est interdit
- Paraît-il - par la Convention de Venise
A ceux du pavillon jaune de quarantaine.
On n'ira pas à terre calmer ses sens inquiets
Ni faire provision de photos obscènes
Et de cet excellent tabac... -
A Ruben Dario.
Ni les attraits des plus aimables Argentines,
Ni les courses à cheval dans la pampa,
N'ont le pouvoir de distraire de son spleen
Le Consul général de France à La Plata !
On raconte tout bas l'histoire du pauvre homme :
Sa vie fut traversée d'un fatal amour,
Et il prit la funeste manie de l'opium ;
Il occupait alors le poste...