• Ode burlesque.

    Cher du PIN, je suis indigent
    Plus que le party de la Fronde ;
    Je n'ay point d'or et moins d'argent
    C'est le plus grand mal-heur du monde.

    Et tu me voudrois conseiller
    De faire quelque Comedie ?
    Il est mal aisé de railler
    Quand peu s'en faut qu'on ne mandie.

    Nostre Roy, qui, sans le vanter,
    Vaut bien l'...

  • Precieux et Royal Bijou,
    Second joyau de la Couronne,
    Present du Ciel, beau Duc d'Anjou,
    Me prendrez-vous, si je me donne ?

    Ne me croirez-vous point un fou,
    De vous presenter ma personne,
    Moy qui suis moins qu'un sapajou,
    Moy chetif, qui desja grisonne ?

    Si pourtant vous le trouvez bon,
    J'ose vous dire que ce don
    Est tres-rare...

  • Le roi s'en est allé, son Éminence aussi ;
    Le courtisan escroc sans contenter son hôte,
    Jurant qu'à son retour il comptera sans faute
    Pique le grand chemin en botte de roussi.

    Les officiers du roi sont fort rares ici ;
    Et la gent de justice et celle de maltôte
    A le haut du pavé et va la tête haute
    En l'absence du roi qui va vers Beaugency.
    ...

  • Hé bien ! je consens de mourir.
    Aussi bien l'espoir de guerir
    Me flateroit en vain des douceurs de la vie.
    Je n'ay plus qu'un moment à desplaire à vos yeux ;
    Vous allez voir, belle Silvie,
    Quand je ne seray plus, si vous en serez mieux.

  • Helas ! elle s'en va : je ne la verray plus ;
    A ma juste douleur il faut bien que je cede.
    Que les regrets sont superflus
    Dans les maux dont la mort est l'unique remede !
    Apres un tel mal-heur
    Si j'aymois encore la vie,
    Que diroit mon amour ? que diroit ma douleur ?
    Et que diroit Silvie ?

    Ses yeux, doux et flateurs et jamais courroucez,
    Me...

  • Jeune Roy, que la France admire,
    Tu nous fais bien voir que les Cieux
    Font naistre encor des demi-Dieux
    Et prennent soin de ton Empire.

    Ta grace à soy les coeurs attire,
    Ton visage eblouit les yeux
    Et, de son air imperieux,
    Le respect et la crainte inspire.

    Ton Pere et tes Nobles Ayeux
    N'ont point eu de vertus en eux
    Qu'en...

  • Aux Dames.

    Ô malheur du temps où nous sommes !
    Je suis le plus adroit des hommes
    Et suis reduit à balleyer.
    Mais, si vous voulez m'employer
    Au charmant mestier de vous plaire,
    Vous verrez ce que je sçay faire :
    Si je n'en sors à mon honneur,
    Ne vous fiez jamais au Balleyeur.

  • Ma raison me l'a dit aussi bien que mes yeux,
    Que vous estiez toute charmante et belle ;
    Mais elle eust fait bien mieux
    De m'advertir que vous estiez cruelle.

  • Philis, vous vous plaignez que je n'ay point d'esprit
    A vous parler de mon martyre.
    Helas ! ignorez-vous qu'un mal que l'on peut dire
    N'est jamais si grand que l'on dit ?

    Un Amant dit assez quand il est interdit,
    Quand il languit, quand il souspire ;
    Mais aprenez, Philis, qu'un mal que l'on peut dire
    N'est jamais si grand que l'on dit.

  • Quand je vous dis que vos yeux m'ont bruslé,
    Vous faites l'offencée ;
    Quand je vous cache ma pensée,
    Vous m'appellez dissimulé !
    Helas ! que dois-je faire ?
    Si je parle, vous vous faschez,
    Et si je me veux taire,
    Vous me le reprochez.

    Si vous traittez d'une esgale rigueur
    Ma plainte et mon silence,
    Belle Philis, tout vous offence,...