• Laissons les hommes noirs bâcler dans leur étable
    Des lois qui vont nous faire un bien épouvantable.
    Allons-nous-en aux bois ;
    Allons-nous-en chez Dieu, dans les prés où l'on aime,
    Près des lacs où l'on rêve, et ne sachons pas même
    Si des gens font des lois.

    Oh ! quand on peut s'enfuir aux champs, dans le grand songe,
    Dans les fleurs, sous les...

  • I

    L'art, c'est la gloire et la joie.
    Dans la tempête il flamboie ;
    Il éclaire le ciel bleu.
    L'art, splendeur universelle,
    Au front du peuple étincelle,
    Comme l'astre au front de Dieu.

    L'art est un champ magnifique
    Qui plaît au coeur pacifique,
    Que la cité dit aux bois,
    Que l'homme dit à la femme,
    Que toutes les voix de l'âme...

  • Beau, frais, souriant d'aise à cette vie amère.
    SAINTE-BEUVE.


    Dans l'alcôve sombre,
    Près d'un humble autel,
    L'enfant dort à l'ombre
    Du lit maternel.
    Tandis qu'il repose,
    Sa paupière rose,
    Pour la terre close,
    S'ouvre pour le ciel.

    Il fait bien des rêves.
    Il voit par moments
    Le sable des grèves
    Plein...

  • L'enfant chantait; la mère au lit, exténuée,
    Agonisait, beau front dans l'ombre se penchant ;
    La mort au-dessus d'elle errait dans la nuée ;
    Et j'écoutais ce râle, et j'entendais ce chant.

    L'enfant avait cinq ans, et près de la fenêtre
    Ses rires et ses jeux faisaient un charmant bruit ;
    Et la mère, à côté de ce pauvre doux être
    Qui chantait tout le jour...

  • Ces lieux sont purs ; tu les complètes.
    Ce bois, loin des sentiers battus,
    Semble avoir fait des violettes,
    Jeanne, avec toutes tes vertus.

    L'aurore ressemble à ton âge ;
    Jeanne, il existe sous les cieux
    On ne sait quel doux voisinage
    Des bons coeurs avec les beaux lieux.

    Tout ce vallon est une fête
    Qui t'offre son humble bonheur...

  • Une sorte de verve étrange, point muette,
    Point sourde, éclate et fait du printemps un poëte ;
    Tout parle et tout écoute et tout aime à la fois ;
    Et l'antre est une bouche et la source une voix ;
    L'oiseau regarde ému l'oiselle intimidée,
    Et dit : Si je faisais un nid ? c'est une idée !
    Comme rêve un songeur le front sur l'oreiller,
    La nature se sent en...

  • Oh ! combien de marins, combien de capitaines
    Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
    Dans ce morne horizon se sont évanouis !
    Combien ont disparu, dure et triste fortune !
    Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
    Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !

    Combien de patrons morts avec leurs équipages !
    L'ouragan de leur vie a pris...

  • Quand l'enfant nous regarde, on sent Dieu nous sonder ;
    Quand il pleure, j'entends le tonnerre gronder,
    Car penser c'est entendre, et le visionnaire
    Est souvent averti par un vague tonnerre.
    Quand ce petit être, humble et pliant les genoux,
    Attache doucement sa prunelle sur nous,
    Je ne sais pas pourquoi je tremble ; quand cette âme,
    Qui n'est pas homme...

  • Il lui disait : - Vos chants sont tristes. Qu'avez-vous ?
    Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ?
    Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle,
    Comme un jonc que le vent a ployé d'un coup d'aile,
    Pencher votre beau front assombri par instants ?
    Il faut vous réjouir, car voici le printemps,
    Avril, saison dorée, où, parmi les zéphires,...

  • Certe, elle n'était pas femme et charmante en vain,
    Mais le terrestre en elle avait un air divin.
    Des flammes frissonnaient sur mes lèvres hardies ;
    Elle acceptait l'amour et tous ses incendies,
    Rêvait au tutoiement, se risquait pas à pas,
    Ne se refusait point et ne se livrait pas ;
    Sa tendre obéissance était haute et sereine ;
    Elle savait se faire...