Le sombre hiver va disparaître ;
Le printemps sourit à nos voeux ;
Mais le printemps ne semble naître
Que pour les coeurs qui sont heureux.
Le mien, que la douleur accable,
Voit tous les objets s'obscurcir,
Et quand la nature est aimable,
Je perds le pouvoir d'en jouir.
Je ne vois plus ce que j'adore,
Je n'ai plus de droit au...
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Plus j'ai de bien, plus ma douleur augmente ;
Plus j'ai d'honneur et moins je me contente ;
Car un reçu m'en fait cent désirer.
Quand riens je n'ai, de riens ne me lamente,
Mais ayant tout, la crainte me tourmente,
Ou de le perdre ou bien de l'empirer.
Las ! je dois bien mon malheur soupirer,
Vu que d'avoir un bien je meurs d'envie,
Qui est ma... -
Étant seulet auprès d'une fenêtre,
Par un matin comme le jour poignait,
Je regardais Aurore à main senestre
Qui à Phébus le chemin enseignait.
Et, d'autre part, ma mie qui peignait
Son chef doré ; et vis ses luisants yeux,
Dont me jeta un trait si gracieux
Qu'à haute voix je fus contraint de dire :
" Dieux immortels, rentrez dedans vos cieux,... -
Triste penser, en prison trop obscure,
L'honneur, le soin, le devoir et la cure
Que je soutiens des malheureux soudards,
Devant mes yeux desquels j'ai la figure,
Qui par raison et aussi par nature
Devaient mourir entre piques et dards,
Plutôt que voir fuir leurs étendards,
Quand de te voir j'ai perdu l'espérance.
Me font perdre de raison l'... -
Celle qui fut de beauté si louable
Que pour sa garde elle avait une armée,
A autre plus qu'à vous ne fut semblable
Ni de Pâris, son ami, mieux aimée,
Que de chacun vous êtes estimée ;
Mais il y a différence d'un point
Car à bon droit elle a été blâmée
De trop aimer et vous de n'aimer point. -
Ô triste départir,
De moi tant regretté !
Deuil ne sera ôté,
Qui mon coeur fait partir :
J'entends jusques au revoir,
Si de moi tant désiré,
Car quelque part que serai,
Toujours ferai mon devoir. -
Malgré moi vis, et en vivant je meurs ;
De jour en jour s'augmentent mes douleurs,
Tant qu'en mourant trop longue m'est la vie.
Le mourir crains et le mourir m'est vie :
Ainsi repose en peines et douleurs !
Fortune m'est trop douce en ses rigueurs,
Et rigoureuse en ses feintes douceurs,
En se montrant gracieuse ennemie
Malgré moi.
Je... -
Au temps que la feille blesme
Pourrist languissante à bas,
J'allois esgarant mes pas
Pensif, honteux de moy mesme,
Pressant du pois de mon chef
Mon menton sur ma poitrine,
Comme abatu de ruine
Ou d'un horrible meschef.
Après, je haussois ma veuë,
Voiant, ce qui me deplaist,
Gemir la triste forest
Qui languissoit toute nuë,... -
A longs filets de sang ce lamentable corps
Tire du lieu qu'il fuit le lien de son âme,
Et séparé du coeur qu'il a laissé dehors,
Dedans les forts liens et aux mains de sa dame,
Il s'enfuit de sa vie et cherche mille morts.
Plus les rouges destins arrachent loin du coeur
Mon estomac pillé, j'épanche mes entrailles
Par le chemin qui est marqué de ma... -
Au tribunal d'amour, après mon dernier jour,
Mon coeur sera porté diffamé de brûlures,
Il sera exposé, on verra ses blessures,
Pour connaître qui fit un si étrange tour,
A la face et aux yeux de la Céleste Cour
Où se prennent les mains innocentes ou pures ;
Il saignera sur toi, et complaignant d'injures
Il demandera justice au juge aveugle Amour...