D'un branchu semblant un grand fagot qui s'évase,
Il végète sa mort - à jamais défeuillé ;
Pourtant, sous tous les ciels, dans l'air sec et mouillé,
Son très étrange aspect vous met l'oeil en extase !
C'est que, depuis l'énorme et ronde fourmilière
Grouillant au pied pourri de ce petit ormeau,
Tout son tronc est moussu comme un toit de hameau,
...
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Quand on arrive au Val des Ronces
On l'inspecte, le coeur serré,
Ce gouffre épineux, bigarré
De rocs blancs qu'un torrent noir ponce.
Partout, sous ce tas qui s'engonce,
Guette un dard, toujours préparé,
Qui, triangulaire, acéré,
Si peu qu'il vous pique, s'enfonce.
S'y risquer ? le sourcil se fronce !
En sort-on, une fois entré ?... -
Droits et longs, par les prés, de beaux fils de la Vierge
Horizontalement tremblent aux arbrisseaux.
La lumière et le vent vernissent les ruisseaux.
Et du sol, çà et là, la violette émerge.
Comme le ciel sans tache, incendiant d'azur
Les grands lointains des bois et des hauteurs farouches,
La rivière, au frisson de ses petites mouches,
A dormi,... -
Gisant à plat dans la pierraille,
Veuve à jamais du pied humain,
L'échelle, aux tons de parchemin,
Pourrit au bas de la muraille.
Jadis, beaux gars et belles filles,
Poulettes, coqs, chats tigrés
Montaient, obliques, ses degrés,
La ronce à présent s'y tortille.
Mais, une margot sur le puits
Se perche... une autre encore ! et puis,
... -
Brusque, avec un frisson
De frayeur et de fièvre,
On voit le petit lièvre
S'échapper du buisson.
Ni mouche ni pinson ;
Ni pâtre avec sa chèvre,
La chanson
Sur la lèvre.
Tremblant au moindre accroc,
La barbe hérissée
Et l'oreille dressée,
Le timide levraut
Part et se risque au trot,
Car l'aube nuancée
N'est pas trop... -
Toujours la longue faim me suit comme un recors ;
La ruelle sinistre est mon seul habitacle ;
Et depuis si longtemps que je traîne mes cors,
J'accroche le malheur et je bute à l'obstacle.
Paris m'étale en vain sa houle et ses décors :
Je vais sourd à tout bruit, aveugle à tout spectacle ;
Et mon âme croupit au fond de mon vieux corps
Dont la pâle... -
Dédale criait à son fils,
Afin de lui donner courage
«Vole comme je t'ai appris,
Suis toujours la moyenne plage» ;
Mais l'enfant, proche du naufrage,
Disait: «Je ne suis plus en l'air ;
Ne m'apprends donc plus à voler,
Montre moi plutôt comme on nage.» -
Quelle tempête hélas ! quel orage assez fort
Pourrait bien égaler le furieux effort
Qui, tout au long d'un an, pour la française terre,
A fait courir l'effroi de cette horrible guerre ?
Qui traînait après soi mille et mille malheurs,
Pour faire à l'avenir couler cent mille pleurs ?
Si la postérité veut croire en notre histoire
Ce que ceux qui l'ont vue... -
Et Nostradamus et Rombure,
Et tous les devins plus vantés
Ont été par toi fréquentés
Pour savoir ta bonne aventure ;
Ils ont prédit que tu serais
Un jour plus haut que tous les rois,
Et voici qu'on te mène pendre
N'ont ils pas dit la vérité ?
Car tu t'en vas si hautement,
Que nul ne peut si haut prétendre. -
Qu'inférez-vous, menteurs, par vos beaux arguments,
Que toutes choses sont un seul être immobile ?
Vous n'avez fondement qui ne soit trop débile,
La nature le montre avec ses mouvements.
Et puisque le chaos reçoit les ornements
Qui donnent l'être heureux à sa masse infertile,
Ornements différents, quelle règle subtile
Peut établir le fond de vos...