• A cette heure, elle n'est sensible,
    La grande cascade du roc,
    Qui par son tonnerre d'un bloc,
    La nuit la rend toute invisible.

    Et, pourtant, sa rumeur compacte
    Décèle son bavement fou,
    Sa chute à pic, en casse-cou,
    Son ruement lourd de cataracte.

    Un instant, l'astre frais et pur
    Écarte son nuage obscur,
    Comme un oeil lève sa...

  • La forêt songe, bleue et pâle,
    Dans un féerique demi-jour.
    Tout s'y voit spectral, d'aspect sourd,
    Par cette nuit d'ambre et d'opale.

    Là, c'est un cerf blessé qui râle...
    Ici, d'autres, pâmés d'amour...
    La forêt songe, bleue et pâle,
    Dans un féerique demi-jour.

    Ailleurs, une laie et son mâle
    Et leurs marcassins tout autour !......

  • Le souvenir d'un rêve à chaque instant m'arrive
    Comme un remords subtil à la fois âcre et cher,
    Et pour me soulager il faut que je t'écrive
    Le redoutable aveu qui fait frémir ma chair :

    Sur les bords d'un lac pur où se baignaient des Anges,
    Dans un paradis vert plein d'arbres qui chantaient
    Des airs mystérieux sur des rythmes étranges,
    Je regardais le...

  • Parmi châtaigniers et genêts
    Où s'émouchaient, sans pouvoir paître,
    Des montures sous le harnais,
    Ronflait l'humble fête champêtre.

    Les crincrins et les cornemuses,
    La ripaille, un soleil de feu,
    Allumaient tout un monde bleu
    A faces longues et camuses.

    Et, tandis que ce flot humain
    - L'enfance comme la vieillesse -
    Battait...

  • 0 ma si fragile compagne,
    Puisque nous souffrons à Paris,
    Envolons-nous dans la campagne
    Au milieu des gazons fleuris.

    Loin, bien loin des foules humaines,
    Où grouillent tant de c?urs bourbeux,
    Allons passer quelques semaines
    Chez les peupliers et les boeufs.

    Fuyons les viles courtisanes
    Aux flancs de marbre, aux doigts crochus,...

  • Viande, sourcils, cheveux, ma bière et mon linceul,
    La tombe a tout manié : sa besogne est finie ;
    Et dans mon souterrain je vieillis seul à seul
    Avec l'affreux silence et la froide insomnie.

    Mon crâne a constaté sa diminution,
    Et, résidu de mort qui s'écaille et s'émiette,
    J'en viens à regretter la putréfaction
    Et le temps où le ver n'était pas à...

  • Sur les rocs, comme au ciel, le monarque du feu
    Se donne, ici, libre carrière.
    L'oeil cuit, caché sous la paupière,
    Aux fulgurants reflets du grisâtre et du bleu.

    Fourmillements d'éclairs de miroirs, de rapières
    Et de diamants... il en pleut !
    L'astre brûle : sa roue épand sa chaleur fière,
    Autant du tour que du moyeu.

    Ni nuage, ni vent,...

  • Les deux petits jouaient au fond du grand pacage ;
    La nuit les a surpris, une nuit d'un tel noir
    Qu'ils se tiennent tous deux par la main sans se voir
    L'opaque obscurité les enclôt dans sa cage.
    Que faire ? les brebis qui paissaient en bon nombre,
    Les chèvres, les cochons, la vache, la jument,
    Sont égarés ou bien muets pour le moment,
    Ils ne trahissent...

  • À Léon Tillot.

    Le vent d'été baise et caresse
    La nature tout doucement :
    On dirait un souffle d'amant
    Qui craint d'éveiller sa maîtresse.

    Bohémien de la paresse,
    Lazzarone du frôlement,
    Le vent d'été baise et caresse
    La nature tout doucement.

    Oh ! quelle extase enchanteresse
    De savourer l'isolement,
    Au fond d'un...

  • Au soleil bas, l'église a saigné derechef ;
    Puis, sa clarté se perd, se rencogne, s'élague,
    Et l'ombre, par degrés, de ses rampantes vagues,
    Envahit voûte, murs, pavés, le choeur, la nef.
    Le jour des coins, des trous ? les ténèbres le draguent
    Le mystère et la mort triomphent dans leur fief.
    Mais, au vitrail fendu, 1à-bas, en forme d'F,
    La lune luit,...