Le soleil en tous lieux découvre sa lumière ;
L'arc-en-ciel bigarré, l'émail de ses couleurs ;
L'aurore aux belles mains, le cristal de ses pleurs ;
La lune, de son front la clarté tout entière ;
La terre, en tous endroits sa moisson nourricière ;
En tous endroits l'été ses ardentes chaleurs ;
Le printemps, en tous lieux le trésor de ses fleurs ;
...
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M'aimerez vous bien,
Dictes, par vostre ame ?
Mais que je vous aime
Plus que nulle rien,
M'aimerez vous bien ?
Dieu mit tant de bien
En vous que c'est basme,
Pour ce je me clame
Vostre. Mais combien
M'aimerez vous bien ? -
Ceulx qui deussent parler sont muts
Les loyaulx sont pour sots tenus ;
Je n'en vois nuls
Qui de bonté tiennent plus compte ;
Vertus vont jus, pechié haut monte,
Ce vous est honte,
Seigneurs grans, moyens et menus.
Flateurs sont grans gens devenus
Et a hauts estats parvenus,
Entretenus,
Tant qu'il n'est rien qui les surmonte.... -
Amour tance les cueurs qui sont dormans
Amour seuffre qu'on lise les romans
Amour parfaict le vouloir de jeunesse
Amour ferme sa maison a vieillesse
Amour ne veult que pensis on se treuve
Amour cherist Venus comme deesse
Amour blasme ceux qui n'ont robbe neuve
Amour quiert dons royaux precieulx
Amour treuve qu'on doibt estre... -
Plus ne voy rien qui resconfort me donne ;
Plus dure un jour que ne souloient cent ;
Plus n'est saison qu'a nul bien m'abandonne ;
Plus voy plaisir, et moins mon cueur s'en sent ;
Plus oncques mais mon vouloir bas descent ;
Plus me souvient de vous, et plus m'empire ;
Plus quier esbas, c'est lors que plus souspire ;
Plus faict beau temps, et plus me... -
... A sa voix se leva le prince des Aèdes,
Et son Luth animé, plein de souffles ardents,
Si douloureusement vibra sous ses doigts raides,
Que les tigres rayés et les lions grondants
Le suivaient, attendris, et lui faisaient cortège,
Doux, avec des lambeaux de chair entre les dents.
Choeur monstrueux conduit par un divin Chorège !
Les grands... -
Tu voyais sous tes pas un gouffre se creuser
Qu'élargissaient sans fin le doute et l'ironie ;
Et, penché sur cette ombre, en ta longue insomnie,
Tu sentais un frisson mortel te traverser.
A l'abîme vorace, alors, sans balancer,
Tu jetas ton grand coeur brisé, ta chair punie.
Tu jetas ta raison, ta gloire et ton génie,
Et la douceur de vivre et l'... -
À Gabriel Marc.
La nuit se mêle encore à de vagues pâleurs ;
L'étoile naît, jetant son reflet qui se brouille
Dans la mare dormante où croupit la grenouille.
Les champs, les bois n'ont plus ni formes ni couleurs.
Leurs calices fermés, s'assoupissent les fleurs.
Entrevue à travers le brouillard qui la mouille,
La faucille du ciel fond sa corne et... -
La neige - le pays en est tout recouvert -
Déroule, mer sans fin, sa nappe froide et vierge,
Et, du fond des remous, à l'horizon désert,
Par des vibrations d'azur tendre et d'or vert,
Dans l'éblouissement, la pleine lune émerge.
A l'Occident s'endort le radieux soleil,
Dans l'espace allumant les derniers feux qu'il darde
A travers les vapeurs de son... -
La glèbe, à son réveil, verte et toute mouillée,
Autour du bourg couvert d'une épaisse feuillée
Où les toits assoupis fument tranquillement ;
Dans la plaine aux replis soyeux que rien ne cerne,
Parmi les lins d'azur, l'oeillette et la luzerne,
Berce les jeunes blés pleins de frissonnement.
Sereine et rafraîchie aux brumes dilatées,
Sous l'humide baiser...