• On parlera de sa gloire
    Sous le chaume bien longtemps.
    L'humble toit, dans cinquante ans,
    Ne connaîtra plus d'autre histoire.
    Là viendront les villageois
    Dire alors à quelque vieille
    Par des récits d'autrefois,
    Mère, abrégez notre veille.
    Bien, dit-on, qu'il nous ait nui,
    Le peuple encor le révère,
    Oui, le révère.
    Parlez-nous de...

  • Je viens revoir l'asile où ma jeunesse
    De la misère a subi les leçons.
    J'avais vingt-ans, une folle maîtresse,
    De francs amis et l'amour des chansons.
    Bravant le monde et les sots et les sages,
    Sans avenir, riche de mon printemps,
    Leste et joyeux je montais six étages.
    Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans !

    C'est un grenier, point ne...

  • Mai 1813


    Il était un roi d'Yvetot
    Peu connu dans l'histoire ;
    Se levant tard, se couchant tôt,
    Dormant fort bien sans gloire,
    Et couronné par Jeanneton
    D'un simple bonnet de coton,
    Dit-on.
    Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
    Quel bon petit roi c'était là !
    La, la.

    Il faisait ses quatre repas
    Dans son...

  • Ah ! ne me dites pas que la vie est un rêve,
    Une ombre qui s'enfuit et flotte sous mes pas ;
    C'est le temps de la lutte, et si rien ne s'achève,
    L'éternel avenir a son germe ici-bas.

    La vie est un combat, la vie est une arène
    Où le devoir grandit du triomphe obtenu ;
    C'est le sentier qui monte, et pas à pas nous mène
    Aux sommets d'où la vue...

  • Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
    Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
    Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
    Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
    Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
    Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
    Et je te sourirai tout en branlant la tête,
    Et nous ferons...

  • Au bon vieux temps que l'amour par bouquets
    Se démenait, et, par joyeux caquets,
    La femme était trop sotte et trop peu fine :
    Le temps depuis qui tout fine et affine
    Lui a montré à faire ses acquêts.

    Lors les seigneurs étaient petits nacquets* :
    D'aulx et d'oignons se faisaient des banquets ;
    Et n'était bruit de ruer en cuisine,
    Au bon vieux...

  • Si la beauté se perd en si peu d'heure,
    Faites m'en don tandis que vous l'avez ;
    Ou s'elle dure hélas ! vous ne devez
    Craindre à donner un bien qui vous demeure.

  • Huitain

    Mes beaux pères religieux,
    Vous dînez pour un grand merci ;
    Ô gens heureux ! ô demi-dieux !
    Plût à Dieu que je fusse ainsi !
    Comme vous, vivrais sans souci ;
    Car le voeu qui l'argent vous ôte,
    Il est clair qu'il défend aussi
    Que vous payiez jamais votre hôte.

  • Filliou*, quand je serai guérie,
    Je ne veux voir que des choses très belles...

    De somptueuses fleurs, toujours fleuries ;
    Des paysages qui toujours se renouvellent,
    Des couchers de soleil miraculeux, des villes
    Pleines de palais blancs, de ponts, de campaniles
    Et de lumières scintillantes... Des visages
    Très beaux, très gais ; des danses
    ...

  • Amour, mon cher Amour, je te sais près de moi
    Avec ton beau visage.
    Si tu changes de nom, d'accent, de coeur et d'âge,
    Ton visage du moins ne me trompera pas.
    Les yeux de ton visage, Amour, ont près de moi
    La clarté patiente des étoiles.
    De la nuit, de la mer, des îles sans escales,
    Je ne crains rien si tu m'as reconnue.
    Mon Amour, de bien loin,...