• Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
    Dans son brillant exil mon cœur en a frémi ;
    Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
    Comme les pas connus ou la voix d'un ami.

    Montagnes que voilait le brouillard de l'automne,
    Vallons que tapissait le givre du matin,
    Saules dont l'émondeur effeuillait la couronne,
    Vieilles tours que le soir dorait dans...

  •  
    Montagne à la cime voilée,
    Pourquoi vas-tu chercher si haut,
    Au fond de la voûte étoilée,
    Des autans l'éternel assaut?

    Des sommets triste privilège !
    Tu souffres les âpres climats,
    Tu reçois la foudre et la neige,
    Pendant que l'été germe en bas.

    A tes pieds s'endort sous la feuille,
    A l'ombre de tes vastes...

  •  
    Le chaume et la mousse
    Verdissent le toit ;
    La colombe y glousse,
    L'hirondelle y boit ;
    Le bras d'un platane
    Et le lierre épais
    Couvrent la cabane
    D'une ombre de paix.

    Ma sœur, que de charmes !...
    Et devant cela
    Tu n'as que des larmes ?
    — Ah ! s'il était là !...

    Une verte pente
    Trace les...

  • Et la mer s’apaisait, comme une urne écumante
    Qui s’abaisse au moment où le foyer pâlit,
    Et retirant du bord sa vague encor fumante,
    Comme pour s’endormir, rentrait dans son grand lit ;

    Et l’astre qui tombait de nuage en nuage
    Suspendait sur les flots un orbe sans rayon,
    Puis plongeait la moitié de sa sanglante image,
    Comme un navire en feu qui sombre...

  •  
    Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
    Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
    Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
    S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur,
    Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,
    S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
    Voilà du papillon le destin enchanté!
    Il...

  •  
    J'avais rêvé jadis au bruit de ses cascades,
    Couché sur le gazon qu'Horace avait foulé,
    A l'ombre des vieilles arcades
    Où la Sibylle dort sous son temple écroulé ;
    Je l'avais vu tomber dans les grottes profondes
    Où la flottante Iris se jouait dans ses ondes,
    Comme avec les crins blancs d'un coursier des déserts
    Le vent aime à...

  • Pâle fleur, timide pervenche,
    Je sais la place où tu fleuris,
    Le gazon où ton front se penche
    Pour humecter tes yeux flétris !

    C'est dans un sentier qui se cache
    Sous ses deux bords de noisetiers,
    Où pleut sur l'ombre qu'elle tache
    La neige des fleurs d'églantiers.

    L'ombre t'y voile, l'herbe égoutte
    Les perles de nos nuits d'été,
    Le...

  •  
    La coupe de mes jours s’est brisée encor pleine ;
    Ma vie hors de mon sein s’enfuit à chaque haleine ;
    ...

  •  
    Des moments les heures sont nées,
    Et les heures forment les jours,
    Et les jours forment les années
    Dont le siècle grossit son cours.

    Mais toi seul, ô mon Dieu, par siècles tu mesures
    Ce temps qui sous tes mains coule éternellement !
    L'homme compte par jours ; tes courtes créatures
    Pour naître et pour mourir ont assez d'un...

  •  
    L'or qu'au plaisir le riche apporte
    Ne fait que glisser dans sa main ;
    Le pauvre qui veille à la porte
    Attend les miettes de ce pain.

    Aux sons de nos harpes de fêtes,
    Anges, unissez vos accents,
    Car tous nos luxes sont des quêtes
    Où l'art sollicite les sens.

    Jouissez, heureux de la terre,
    Dans ce temple à la...