• Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
    Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
    L’amour, vous le savez, cause une peine extrême ;
    C’est un mal sans pitié que vous plaignez vous-même ;
    Peut-être cependant que vous m’en puniriez.

    Si je vous le disais, que six mois de silence
    Cachent de longs tourments et des vœux insensés :
    ...

  • Je vous ai raconté comment mon pauvre cœur,
    Un matin, fut guéri d’une longue souffrance ;
    Comment l’amour lassé, cachant l’indifférence,
    D’une tendre amitié prit le masque trompeur.

    Ce cœur si bien guéri tombe en votre puissance ;
    Mais vous, douce Ninon, je vous aime sans peur,
    Car dans notre amitié l’amour a pris naissance,
    Comme un arbre greffé...

  • Clusine, qui dans tous les temps
    Eut de tous les honnêtes gens
    L'amour ou l'estime en partage ;
    Qui toujours pleine de bon sens,
    Sut de chaque saison de l'âge
    Faire toujours un juste usage,
    Qui dans son entretien dont on fut enchanté
    Faisait un heureux alliage
    D'un agréable badinage
    Avec la politesse et la solidité.
    Et que le ciel doua...

  • De grâce, introduis-moi chez elle
    Je brûle de voir cette belle
    Si c'est mon mal, si c'est mon bien
    Je veux mourir si j'en sais rien.
    ....
    Elle est ou contraire ou propice
    Selon qu'il plaît à son caprice
    Et son caprice, ce dit-on
    Vaut souvent mieux que sa raison.
    ...
    Ami courons à ces délices
    Allons offrir sous tes auspices
    Et...

  • Depuis le siècle de Pépin
    Jusques à celui de la Fronde
    On n'a rien vu de si poupin
    Que cette belle vagabonde

    Elle est aussi droite qu'un pieu
    Plus pénétrante qu'une sonde
    Plus savante qu'un Calepin
    Et va la nuit comme une ronde.

    Elle est douce comme un mouton
    Dort l'hiver en drap de coton
    Fixe au Marais son habitacle
    ...

  • Avec tout votre esprit, la belle indifférente,
    Avec tous vos grands airs de rigueur nonchalante,
    Qui nous font tant de mal et qui vous vont si bien,
    Il n'en est pas moins vrai que vous n'y pouvez rien.

    Il n'en est pas moins vrai que, sans qu'il y paraisse,
    Vous êtes mon idole et ma seule maîtresse ;
    Qu'on n'en aime pas moins pour devoir se cacher,
    ...