L'heureuse cendre autrefois composée
En un corps chaste, où vertu reposa,
Est en ce lieu, par les Grâces posée,
Parmi ses os, que beauté composa.
Ô terre indigne ! en toi son repos a
Le riche étui de cette âme gentille,
En tout savoir sur toute autre subtile,
Tant que les cieux, par leur trop grande envie,
Avant ses jours l'ont d'entre nous...
-
-
J'ai vécu sans nul pensement,
Me laissant aller doucement
A la bonne loi naturelle,
Et si m'étonne fort pourquoi
La mort daigna songer à moi,
Qui n'ai daigné penser à elle. -
Cy gist le corps de la plus heureuse ame
Qui oncques fut ou soit pour sa beauté,
Ou pour ses meurs, ou pour sa loyaulté,
Ou pour avoir esté d'un amy femme.
Amy qui a or le bruyt et la fame
D'un vif exemple et seur de fermetté,
Qui ce corps mort, ce corps tant regretté,
Plus mort luy mesme a mys soubz ceste lame.
Pas n'eust voulu seul... -
Diane, en couche, se sentant
De la rude mort assaillie,
Et déjà du tout lui étant
Là vive parole faillie
A son mari de main pâlie
Montre un beau fils, produit à l'heure,
Comme voulant dire: « Ne pleure
Avecques l'adieu d'un baiser,
Ce bel enfant qui te demeure,
Sera pour ton deuil apaiser ». -
Tu vois, passant, la sépulture
D'un chef-d'oeuvre si précieux,
Qu'avoir mille rois pour aïeux
Fut le moins de son aventure.
L'experte main de la nature,
Et le soin propice des cieux,
Jamais ne s'accordèrent mieux
A former une créature.
On doute pourquoi les destins,
Au bout de quatorze matins,
De ce monde l'ont appelée.
...