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    Un large ruban d’or illumine la cime
    Des coteaux dont la brume a noyé le versant.
    L’horizon se déchire, et le soleil descend
    Sous les nuages roux qui flottent dans l’abîme
    Comme un riche archipel sur une mer de sang.

    De confuses rumeurs s’éveillent par la plaine,
    Et dans son champ, debout aux rebords des sillons,
    Travailleur obstiné sous le !...

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    La cuirasse à nos reins bouclée,
    Dans une lutte sans merci,
    Nous nous sommes jetés, ainsi
    Que des bretons dans la mêlée.

    Ainsi donc soit ! Et jusqu'au soir
    Tenons tête dans la bataille,
    Haut la visière, et haut la taille,
    Sans lâcher pied, sans nous asseoir !

    Champions du beau qu'on lapide,
    Que le sort nous trahisse ou non,...

  • Aux bords retentissants des plages écumeuses
    Pleines de longs soupirs mêlés de lourds sanglots,
    Sous le déroulement monotone des flots ;
    Près des gouffres remplis des falaises brumeuses ;

    À l'heure où le soleil, ainsi qu'un roi cruel
    Qui veut parer de draps sanglants ses funérailles,
    Se déchire et secoue au dehors ses entrailles ;
    À l'heure où...

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    I

    Le dieu, source de vie et de chaleur féconde,
    Qui déverse à flots d'or ses bienfaits sur le monde,
    Le grand Phré, brûle. Il tend son disque au haut des cieux.
    Le zénith embrasé s'environne de flamme.
    Le Nil, père des eaux, reluit comme une lame,
    épanchant son limon sur le berceau des dieux.

    Partout le sable aveugle et le désert flamboie....

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    I

    L'image de Florence en moi s'était dressée
    Ce soir-là. De nouveau, j'y suivais en pensée
    Les pas silencieux de Stella Vespera.
    Sœur des merveilles d'art qu'un beau siècle inspira,
    Elle m'avait charmé comme un pur marbre antique,
    Et me hantait depuis, fantôme énigmatique.
    On disait sa famille oubliée. Un secret
    Cachait sa vie à tous....

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    Je sors des bois. Je rentre en ma vie. O prisons
    De nos songes ! Combats ou pleurs que nous taisons !
    Le jour tombe. Le bleu du ciel pâlit. C'est l'heure
    Tranquille. - Un souffle ; un seul. - Souffle étrange ! - Il m'effleure
    Et s'éteint. - Je soupire et pense à lui. C'était
    Un toucher ! - Le soleil s'engouffre. Tout se tait.
    L'ombre augmente. La...

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    Quand l'œil fit autrefois éclosion sur terre
    Dans un frêle organisme encor rudimentaire ;
    Quand le premier regard de l'atome vivant,
    D'un seul coup jusqu'au fond du ciel vide arrivant,
    Découvrit le soleil plus vite qu'il n'éclaire,
    Et depuis lors gardant comme un feu similaire,
    Énigme clairvoyante au bord d'un embryon,
    Ébloui, se tourna vers...

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    I

    C'était trois ans après le péché dans l'Eden.
    Adam sous les grands bois chassait, fier et superbe,
    Luttant contre le tigre et poursuivant le daim.
    Tranquille, il aspirait l'âcre senteur de l'herbe.

    Eve, sereine aussi, corps vêtu de clartés,
    Assise aux bords ombreux d'une vierge fontaine,
    Regardait deux enfants s'ébattre à ses côtés,
    ...

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    Je suivais dans les bois la fille aux cils soyeux.
    Non loin d'un petit lac dormant nous nous assîmes ;
    Tout se taisait dans l'herbe et sous les hautes cimes.
    Nyssia regardait le lac silencieux ;
             Moi, le fond de ses yeux.

    — « Sources claires des bois ! dit Nyssia ; fontaines
    Où le regard profond sous l'onde va plongeant !
    Tranquillité...

  • Monts superbes, dressez vos pics inaccessibles
    Sur le cirque brumeux où plongent vos flancs verts !
    Métaux, dans le regret des chaleurs impossibles,
    Durcissez-vous au fond des volcans entr'ouverts !

    - Hérisse, amer orgueil, ta muraille rigide
    Sur le coeur que des yeux de femme ont perforé !
    Désirs inassouvis, sous cette fière égide,
    Mornes, endormez-...