Seront-ils toujours là quand nous disparaîtrons ?
Les voilà, roidissant leurs vénérables troncs
Qui des vents boréens ont lassé les colères.
Eux, les arbres, longs murs de héros séculaires
Durcis aux noirs assauts des hivers meurtriers.
Inexpugnable bloc d’impassibles guerriers
Qui sous le choc prochain des rafales nocturnes
Pour un instant se...
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Il est des gouffres noirs dont les bords sont charmants.
La liane à l'entour qui tapisse la lande
Se balance aux parois et s'enroule en guirlande.
Fleuri d'une couronne aux mille chatoîments,
Je sais un gouffre noir sur la verte colline.
Des arbres de senteur l'ombragent en entier,
Et l'on y vient joyeux par le plus gai sentier.
Parfois un... -
La terre dans le ciel promène
Sa face où vit l'humanité.
La terre va ; la vie humaine
Ronge son crâne tourmenté.Les hommes courent à leurs quêtes
Sur la terre, ardents et pressés ;
Comme aux vieux masques des coquettes
S'obstinent les anciens pensers.La terre est vieille et décrépite,
Et rêve encor, spectre blafard ;
La... -
Sur le divan, pareille à la noire panthère
Qui se caresse aux feux du soleil tropical,
Dans un fauve rayon enveloppant le bal,
Elle emplit de parfums le boudoir solitaire.
Elle rêve affaissée au milieu des coussins ;
Et sa narine s'enfle, et se gonflent ses seins
Au rythme langoureux de la valse lointaine.
Les rires étouffés, les longs... -
Son nom ? — Tu veux savoir s’il fut illustre ou non ?
Eh bien, je ne sais pas ! Que peut te faire un nom !
Personne sur son front n’inscrit le nom qu’il porte !
C’était un homme, avec un nom. Mais que t’importe ?
— Sa race ? — Laissons là, crois-moi, tous ses aïeux !
L’âme de bien des morts tressaillait dans ses yeux ;
Mais la sienne, à coup sûr, l’... -
« Amour ! Dans tous les temps des hommes t'ont chanté !
Inventeurs d'un mensonge, ils auront tous porté
Le cercle ardent qui reste aux martyrs, et la gloire
D'avoir su faire un dieu de toi, forme illusoire ! »
Comme en son souterrain, tel, encor ce jour-là,
Le démon qui l'habite en mon esprit parla.
Et depuis bien des mois il désolait ma vie ;
... -
À la voix de Jésus, Lazare s'éveilla ;
Livide, il se dressa debout dans les ténèbres ;
Il sortit tressaillant dans ses langes funèbres,
Puis, tout droit devant lui, grave et seul, s'en alla.Seul et grave, il marcha depuis lors dans la ville,
Comme cherchant quelqu'un qu'il ne retrouvait pas,
Et se heurtant partout à chacun de ses pas... -
Quand le rêveur en proie aux douleurs qu’il active,
Pour fuir l’homme et la vie, et lui-même à la fois,
Rafraîchissant son âme au chant des cours d’eau vive,
S’en va par les prés verts, par les monts, par les bois ;Refoulant dans son cœur la pensée ulcérée,
Un suprême désir de néant et de paix,
Profond comme la nuit, lent comme la marée,
En lui... -
A la voix de Jésus Lazare s’éveilla.
Livide, il se dressa debout dans les ténèbres ;
Il sortit tressaillant dans ses langes funèbres,
Puis, tout droit devant lui, grave et seul s’en alla.Seul et grave, il marcha depuis lors dans la ville,
Comme cherchant quelqu’un qu’il ne retrouvait pas ;
Et se heurtant partout, à chacun de ses pas,
Aux choses de la... -
Là-bas, au flanc d’un mont couronné par la brume,
Entre deux noirs ravins roulant leurs frais échos,
Sous l’ondulation de l’air chaud qui s’allume,
Monte un bois toujours vert de sombres filaos.
Pareil au bruit lointain de la mer sur les sables,
Là-bas, dressant d’un jet ses troncs raides et roux,
Cette étrange forêt aux douleurs ineffables
Pousse un...