• Mort, j'appelle de ta rigueur,
    Qui m'as ma maîtresse ravie,
    Et n'es pas encore assouvie
    Si tu ne me tiens en langueur :

    Onc puis n'eus force ni vigueur ;
    Mais que te nuisoit-elle en vie,
    Mort ?

    Deux étions et n'avions qu'un coeur ;
    S'il est mort, force est que dévie,
    Voire, ou que je vive sans vie
    Comme les images, par coeur,
    ...

  • Jenin l'Avenu
    Va-t'en aux étuves,
    Et toi la venu,
    Jenin l'Avenu,

    Si te lave nu
    Et te baigne ès cuves.
    Jenin l'Avenu,
    Va-t'en aux estuves.

  • Ci gît et dort en ce solier,
    Qu'amour occit de son raillon,
    Un pauvre petit écolier
    Qui fut nommé François Villon.
    Oncques de terre n'eut sillon.
    Il donna tout, chacun le sait :
    Table, tréteaux, pain, corbillon.
    Pour Dieu, dites-en ce verset :

    Repos éternel donne à cil,
    Sire, et clarté perpétuelle,
    Qui vaillant plat ni écuelle...

  • Pleurez mes yeux, et vous fondez en eau,
    Toute ma joie est enclose au tombeau.
    Un jeune enfant, ma chère nourriture
    Vient d'être mis dans cette sépulture.
    Qui le croirait ! c'est le petit Rondeau.
    Je fus son père, et sa mère Isabeau.
    Ô vous jadis qui le vîtes si beau,
    Chaste Julie, après cette aventure,
    Pleurez.

    Et toi, Phébus, trace de...

  • Il est aisé de plaire à qui veut plaire.
    D'un ignorant un bavard écouté,
    D'un journaliste un rimailleur vanté,
    Sans nulle peine y trouvent leur affaire.
    Louer un sot, c'est pure charité.

    Une Araminte à demi centenaire
    Dans son miroir voit un portrait flatté.
    De nos bas bleus si l'éloge est à faire,
    Il est aisé.

    Mais, s'il faut...

  • Fut-il jamais douceur de coeur pareille
    À voir Manon dans mes bras sommeiller ?
    Son front coquet parfume l'oreiller ;
    Dans son beau sein j'entends son coeur qui veille.
    Un songe passe, et s'en vient l'égayer.

    Ainsi s'endort une fleur d'églantier,
    Dans son calice enfermant une abeille.
    Moi, je la berce ; un plus charmant métier
    Fut-il jamais ?...

  • Dans dix ans d'ici seulement,
    Vous serez un peu moins cruelle.
    C'est long, à parler franchement.
    L'amour viendra probablement
    Donner à l'horloge un coup d'aile.

    Votre beauté nous ensorcelle,
    Prenez-y garde cependant :
    On apprend plus d'une nouvelle
    En dix ans.

    Quand ce temps viendra, d'un amant
    Je serai le parfait modèle,...