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    I

    La ronce, en ces temps-là, sur les bords du Jourdain,
    Ne portait pas de fleurs, mais stérile et honnie,
    Elle engendrait l’épine et glanait le dédain.
    Lorsque Jésus la vit, venant de Béthanie.

    Et pour la transplanter dans son divin jardin
    Il voulut la mêler à sa gerbe bénie ;
    Mais l’arbre-paria lui déchira la main,
    Et son âme s’émut...

  • Pour me plaindre ou m'aimer je ne cherche personne ;
    J'ai planté l'arbre amer dont la sève empoisonne.
    Je savais, je devais savoir quel fruit affreux
    Naît d'une ronce aride au piquant douloureux.
    Je saigne. Je me tais. Je regarde sans larmes
    Des yeux pour qui mes pleurs auraient de si doux charmes.

    Dans le fond de mon coeur je renferme mon sort,
    Et mon...

  • Foisonnantes, couvant des venins séculaires
    Dans ce marécageux semis d'herbe et de rocs,
    Les ronces, par fouillis épais comme des blocs,
    Embusquaient sourdement leurs dards triangulaires.

    Ah certe ! Elles guettaient si bien l'occasion
    Du Mal, si scélérate épiait leur adresse,
    Que l'accrochant éclair de leurs griffes traîtresses
    Fut plus subtil...