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    O toi qui t’en allais dans le soir taciturne
    O toi qui t’en allais,
    O toi qui remuais
    De la tristesse en toi comme une eau dans une urne,

    O toi dont la tristesse attira ma tristesse,
    Nous qui nous en allions
    Parmi la rue où le jour baisse,
    Évitant de marcher du côté des rayons,

    Nous qui nous en allions du côté de la rue
    Où l’ombre...

  • La rue assourdissante autour de moi hurlait.
    Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
    Une femme passa, d'une main fastueuse
    Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

    Agile et noble, avec sa jambe de statue.
    Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
    Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
    La douceur qui fascine et le plaisir qui...

  • Vois-tu venir sur le chemin la lente, l'heureuse,
    celle que l'on envie, la promeneuse ?
    Au tournant de la route il faudrait qu'elle soit
    saluée par de beaux messieurs d'autrefois.

    Sous son ombrelle, avec une grâce passive,
    elle exploite la tendre alternative :
    s'effaçant un instant à la trop brusque lumière,
    elle ramène l'ombre dont elle s'éclaire.

  • Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
    En un grand parc obscur, une femme voilée :
    Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
    Recélant sa fierté sous son masque opalin.

    Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
    J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
    Puis elle disparut en quelque noire allée
    Propice au deuil profond dont son...