• Si vous ne voulez plus danser,
    Si vous ne faites que passer
    Sur ce grand théâtre si sombre,
    Ne courez pas après votre ombre,
    Tâchez de nous la laisser.

    1844.

  • Ainsi donc, quoi qu'on dise, elle ne tarit pas,
    La source immortelle et féconde
    Que le coursier divin fit jaillir sous ses pas ;
    Elle existe toujours, cette sève du monde,
    Elle coule, et les dieux sont encore ici-bas !

    A quoi nous servent donc tant de luttes frivoles,
    Tant d'efforts toujours vains et toujours renaissants ?
    Un chaos si pompeux d...

  • Ce que j'écris est bon pour les buveurs de bière
    Qui jettent la bouteille après le premier verre:
    C'est l'histoire d'un fou mort pour avoir aimé
    A casser une pipe après avoir fumé.

    Deux muscadins d'abbés qui soupaient chez le pape,
    Etant venus un jour à bout de se griser,
    Lorsque pour le dessert on eut tiré la nappe,
    Dans un coin des jardins se mirent...

  • I

    La joie est ici-bas toujours jeune et nouvelle,
    Mais le chagrin n'est vrai qu'autant qu'il a vieilli.
    A peine si le prince, hier enseveli,
    Commence à s'endormir dans la nuit éternelle ;
    L'ange qui l'emporta n'a pas fermé son aile ;
    Peut-être est-ce bien vite oser parler de lui.

    II

    Ce fut un triste jour, quand, sur une civière,
    Cette...

  •  
    I

    C’est un fait reconnu, qu’une bonne fortune
    Est un sujet divin pour un in-octavo.
    Ainsi donc, bravement, je vais en conter une ;
    Le scandale est de mode ; il se relie en veau.
    C’est un goût naturel, qui va jusqu’à la Lune ;
    Depuis Endymion, on sait ce qu’elle vaut .

     

    II

    Ce qu’on fait maintenant, on le dit ; et la cause
    ...

  • C'était, dans la nuit brune,
    Sur le clocher jauni,
    La lune
    Comme un point sur un i.

    Lune, quel esprit sombre
    Promène au bout d'un fil,
    Dans l'ombre,
    Ta face et ton profil ?

    Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
    Quel chérubin cafard
    Nous lorgne
    Sous ton masque blafard ?

    N'es-tu rien qu'une boule,
    Qu'un grand faucheux...

  • Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ;
    Verse ailleurs ce trésor que j'avais pour tout bien.
    Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie,
    Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie,
    Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien.

    Laisse mon souvenir te suivre loin de France ;
    Qu'il parte sur ton coeur, pauvre bouquet fané,
    Lorsque tu l...

  • Quand je t'aimais, pour toi j'aurais donné ma vie,
    Mais c'est toi, de t'aimer, toi qui m'ôtas l'envie.
    A tes pièges d'un jour on ne me prendra plus ;
    Tes ris sont maintenant et tes pleurs superflus.
    Ainsi, lorsqu'à l'enfant la vieille salle obscure
    Fait peur, il va tout nu décrocher quelque armure ;
    Il s'enferme, il revient tout palpitant d'effroi
    Dans sa...

  • Quand la lune blanche
    S'accroche à la branche
    Pour voir
    Si quelque feu rouge
    Dans l'horizon bouge
    Le soir,

    Fol alors qui livre
    A la nuit son livre
    Savant,
    Son pied aux collines,
    Et ses mandolines
    Au vent ;

    Fol qui dit un conte,
    Car minuit qui compte
    Le temps,
    Passe avec le prince
    Des sabbats...

  • Réponse à la chanson de Becker

    Nous l'avons eu, votre Rhin allemand,
    Il a tenu dans notre verre.
    Un couplet qu'on s'en va chantant
    Efface-t-il la trace altière
    Du pied de nos chevaux marqué dans votre sang ?

    Nous l'avons eu, votre Rhin allemand.
    Son sein porte une plaie ouverte,
    Du jour où Condé triomphant
    A déchiré sa robe verte.
    ...