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    C’est toi qui me rends à moi-même ;
    Tu calmes mon cœur agité ;
    Et de ma seule oisiveté
    Tu me fais un bonheur extrême.
     
    Parmi ces bois et ces hameaux
    C’est là que je commence à vivre ;
    Et j’empêcherai de m’y suivre
    Le souvenir de tous mes maux.
     
    Emplois, grandeurs tant désirées,
    J’ai connu vos illusions ;
    ...

  • Esprit des beaux-esprits, vagabonde Inconstance,
    Qu'Éole roi des vents avec l'onde conçut
    Pour être de ce monde une seconde essence,
    Reçois ces vers sacrés à ta seule puissance,
    Aussi bien que mon âme autrefois te reçut.

    Déesse qui partout et nulle part demeure,
    Qui préside à nos jours et nous porte au tombeau,
    Qui fais que le désir d'un instant...

  • Belles fleurs que la lune en croissant fait paraître,
    Vous vous rapportez fort avec les autres fleurs,
    Car l'excès des humeurs comme vous les fait naître,
    Et vous tombez aussi par l'excès des chaleurs.

    Comme les fleurs nous font aimer le jardinage,
    Nous tirant par les yeux d'un fort enchantement,
    On dit que vous pouvez faire aimer davantage
    Si...

  • En vain par les destin, redoutables enfers,
    Vos cachots sont remplis de supplices divers
    Pour punir les forfaits des criminelles âmes,
    Étant comme elles sont absentes de leur dieu,
    Cette absence les doit tourmenter en ce lieu
    Plus rigoureusement que vos fouets ni vos flammes.

    Vos roues, vos rochers, et vos coulantes eaux
    Que des filles en vain...

  • Thirsis, il faut penser à faire la retraite :
    La course de nos jours est plus qu'à demi faite.
    L'âge insensiblement nous conduit à la mort.
    Nous avons assez vu sur la mer de ce monde
    Errer au gré des flots notre nef vagabonde ;
    Il est temps de jouir des délices du port.

    Le bien de la fortune est un bien périssable;
    Quand on bâtit sur elle on bâtit...

  • Doux ruisseaux coulez sans violence,
    Rossignols modérez votre voix ;
    Taisez-vous, Zéphyrs, faites silence,
    C'est Iris qui chante dans ces bois.

    Je l'entends et mon coeur qu'elle attire
    La connaît à ses divins accents,
    Aux transports que sa douceur m'inspire,
    Mais bien mieux aux peines que je sens.

    Que ses yeux ont d'attraits et de...

  • Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille ;
    Par mes soupirs laissez-vous enflammer ;
    Vous dormez trop, adorable merveille,
    Car c'est dormir que de ne point aimer.

    Ne craignez rien ; dans l'amoureux empire
    Le mal n'est pas si grand que l'on le fait
    Et, lorsqu'on aime et que le coeur soupire,
    Son propre mal souvent le satisfait.

    Le mal d...

  • [?] Qu'est-ce donc de la vie où l'homme se plaît tant ?
    Ce n'est ,qu'une fumée ou qu'un ombre inconstant,
    Une frêle vapeur, à l'instant consumée,
    Un songe fabuleux, qui passe en un moment.
    Quel fol est donc celui qui chérit tellement
    Un songe, une vapeur, un ombre, une fumée ?

    Mais qu'est-ce de la mort, que tout le monde craint,
    Sinon le seul...

  • Superbes qui pensez, en dédaignant la mort,
    Trouver dessus la terre une éternelle base,
    Pour y fonder un bien non tributaire au sort,
    La vie est un soupir, et la mort une extase.

    Notre vie attachée à un faible filet
    Gît et pend sur le bord de la mourante lèvre
    La mort pour nous ravir or nous cille un oeillet,
    Nous berce, nous endort, et du monde...

  • Le destin avec ma famille
    M'a traîné loin de cette ville
    En ces lieux où je me déplais.
    Hélas ! je suis à la campagne,
    Où je ne sais ce que je fais,
    Sinon des châteaux en Espagne.

    J'y fuis celui qui s'embarrasse
    Dans les fatigues de la chasse,
    Où souvent la raison se perd.
    Pour une bête on s'y rend bête,
    Et la fête de saint Hubert...