• Muse au beau front, muse sereine,
    Plus de satire, j'y consens.
    N'offensons pas avec ma haine
    Le calme éther d'où tu descends.
    Je chante en ces vers caressants
    Une lèvre de pourpre, éclose
    Sous l'éclair des cieux rougissants,
    Ici tout est couleur de rose.

    Ma guerrière a le front d'Hélène.
    Son long regard aux feux puissants
    Resplendit comme...

  • Il chante encor, l'essaim railleur des fées,
    Bien protégé par l'épine et le houx
    Que le zéphyr caresse par bouffées.
    Diane aussi, l'épouvante des loups,
    Au fond des bois cache son coeur jaloux.
    Son culte vit dans plus d'une chaumière.
    Quand les taillis sont baignés de lumière,
    A l'heure calme où la lune paraît,
    Échevelée à travers la clairière,
    ...

  • Mon bon ami, poëte aux longs cheveux,
    Joueur de flûte à l'humeur vagabonde,
    Pour l'an qui vient je t'adresse mes voeux :
    Enivre-toi, dans une paix profonde,
    Du vin sanglant et de la beauté blonde.
    Comme à Noël, pour faire réveillon
    Près du foyer en flamme, où le grillon
    Chante à mi-voix pour charmer ta paresse,
    Toi, vieux Gaulois et fils du bon Villon,...

  • Vous dans qui le plus beau des dieux
    Son aimable et son gracieux
    Voulut si pleinement répandre,
    Vous, dont le luth harmonieux
    Fait que tous, jeunes et vieux
    Sont à vous, à vendre et dépendre,
    Comme, en sa mort mélodieux
    Chante un cygne aux bords du Méandre,
    Je viens, en mourant, vous apprendre
    Par ces vers, peut-être ennuyeux
    Que mon...

  • Je meurs de soif auprès de la fontaine ;
    Je treuve doulx ce qui doit estre amer ;
    J'aime et tiens chiers tous ceulx qui me font haine,
    Je hé tous ceulx que fort je deusse amer ;
    Je loue ceulx que je deusse blamer,
    Je prens en gré plus le mal que le bien ;
    Je vais querant ce qu'à trouver je doubte ;
    Croire ne puis cela que je sçay bien,
    Je me tiens...

  • Au docteur Louis Jullien.

    J'ai rêvé d'elle, et nous nous pardonnions
    Non pas nos torts, il n'en est en amour,
    Mais l'absolu de nos opinions
    Et que la vie ait pour nous pris ce tour.
    Simple elle était comme au temps de ma cour,
    En robe grise et verte et voilà tout,
    (J'aimai toujours les femmes dans ce goût),
    Et son langage était sincère et...

  • À Léon Vanier.

    Mon jardin fut doux et léger,
    Tant qu'il fut mon humble richesse :
    Mi-potager et mi-verger,
    Avec quelque fleur qui se dresse
    Couleur d'amour et d'allégresse,
    Et des oiseaux sur des rameaux,
    Et du gazon pour la paresse.
    Mais rien ne valut mes ormeaux.

    Dans ma claire salle à manger
    Où du vin fit quelque prouesse,...

  • Amour, me voyant sans tristesse
    Et de le servir dégoûté,
    M'a dit que fisse une maîtresse,
    Et qu'il serait de mon côté.
    Après l'avoir bien écouté,
    J'en ai fait une à ma plaisance
    Et ne me suis point mécompté :
    C'est bien la plus belle de France.

    Elle a un oeil riant, qui blesse
    Mon coeur tout plein de loyauté,
    Et parmi sa haute...

  • Pour courir en poste à la ville
    Vingt fois, cent fois, ne sais combien ;
    Pour faire quelque chose vile,
    Frère Lubin le fera bien ;
    Mais d'avoir honnête entretien
    Ou mener vie salutaire,
    C'est à faire à un bon chrétien,
    Frère Lubin ne le peut faire.

    Pour mettre, comme un homme habile
    Le bien d'autrui avec le sien,
    Et vous laisser...

  • Amour tance les cueurs qui sont dormans
    Amour seuffre qu'on lise les romans
    Amour parfaict le vouloir de jeunesse
    Amour ferme sa maison a vieillesse
    Amour ne veult que pensis on se treuve
    Amour cherist Venus comme deesse
    Amour blasme ceux qui n'ont robbe neuve

    Amour quiert dons royaux precieulx
    Amour treuve qu'on doibt estre...