• En la forest de Longue Attente
    Entrée suis en une sente
    Dont oster je ne puis mon cueur,
    Pour quoy je vis en grant langueur,
    Par Fortune qui me tourmente.

    Souvent Espoir chacun contente,
    Excepté moy, povre dolente,
    Qui nuit et jour suis en douleur
    En la forest de Longue Attente.

    Ay je dont tort, se je garmente*
    Plus que nulle...

  • Qui argent a, la guerre il entretient,
    Qui argent a, gentilhomme devient,
    Qui argent a, chacun lui fait honneur :
    C'est monseigneur ;
    Qui argent a, les dames il maintient,
    Qui argent a, tout bon bruit lui advient,
    Qui argent a, c'est du monde le coeur,
    C'est la fleur.
    Sur tous vivants c'est cil qui peut et vaut,
    Mais aux méchants toujours...

  • Au temps de Ver qu'un chacun prend plaisance
    A écouter la musique accordance
    Des oisillons qui par champs, à loisir,
    A gergonner prennent joie et plaisir
    Voyant les fleurs en verdures croissantes,
    Arbres vêtus de feuilles verdoyantes,
    Prendre Cérès sa robe jà couverte
    Totalement de branche ou herbe verte,
    Dame Nature aorner les branchettes
    ...

  • Dent, qui te montres en riant
    Comme un diamant d'Orient
    Dent précieuse et déliée,
    Que nature a si bien liée
    En celui ordre où tu reposes
    Qu'on ne peut voir plus belle chose
    Dent blanche comme cristal, voire
    Ainsi que neige, ou blanc ivoire ;
    Dent qui sens bon comme fait baume,
    Dont la beauté vaut un royaume ;
    Dent qui fais une bouche...

  • Ô poison pire que mortel,
    Me ferez-vous crever le coeur ?

    Ô poison pire que mortel,
    Qui me tient en telle tutelle
    Que n'ai ni force ni vigueur ;
    Envieuse et fausse querelle,
    Plus pute que n'est maquerelle,
    Trop me plains de votre rigueur.
    Où est Satan, mon gouverneur,
    Qui ne vient pas quand je l'appelle ?
    O folle, infernale...

  • Ne hurtez plus a l'uis de ma pensee,
    Soing et Soussi, sans tant vous traveiller !
    Car elle dort et ne veult s'esveiller ;
    Toute la nuyt en paine a despensee.

    En dangier est, s'elle n'est bien pensee.
    Cessez ! cessez ! Laissez la sommeiller !
    Ne hurtez plus a l'uis de ma pensee,
    Soing et Soussi, sans tant vous traveiller !

    Pour la guerir...

  • Ce premier jour du mois de may,
    Quant de mon lit hors me levay
    Environ vers la matinee,
    Dedans mon jardin de pensee
    Avecques mon cueur seul entray.

    Dieu scet s'entrepris fu d'esmay* !
    Car en pleurant tout regarday
    Destruit d'ennuyeuse gelee,
    Ce premier jour du mois de may,
    Quant de mon lit hors me levay.

    En gast** fleurs et...

  • J'ayme qui m'ayme, autrement non ;
    Et non pour tant, je ne hay rien,
    Mais vouldroye que tout fust bien,
    A l'ordonnance de Raison.

    Je parle trop, las ! se faiz mon !
    Au fort, en ce propos me tien :
    J'ayme qui m'ayme, autrement non,
    Et non pour tant je ne hay rien.

    De pensees son chapperon
    A brodé le povre cueur mien ;
    Tout droit de...

  • En yver, du feu, du feu !
    Et en esté, boire, boire !
    C'est de quoy on fait memoire,
    Quant on vient en aucun lieu.

    Ce n'est ne bourde, ne jeu,
    Qui mon conseil vouldra croire :
    En yver, du feu, du feu !
    Et en esté, boire, boire !

    Chaulx morceaulx faiz de bon queu*
    Fault en froit temps, voire, voire ;
    En chault, froide pomme ou poire...

  • Ou puis parfont de ma merencolie
    L'eaue d'Espoir que ne cesse tirer,
    Soif de Confort la me fait desirer,
    Quoy que souvent je la trouve tarie.

    Necte la voy ung temps et esclercie,
    Et puis après troubler et empirer,
    Ou puis parfont de ma merencolie
    L'eaue d'Espoir que ne cesse tirer.

    D'elle trempe mon ancre d'estudie,
    Quant j'en escrips,...