• Voici trois mois qu’on l’a porté en terre,

    Et le désir des héritiers
    Est qu’on vende, jusqu’au dernier,
    Aux volantes enchères,
    Les meubles familiers

    Du vieux notaire.

    La servante qui l’assista, quand il mourut,

    A requinqué, depuis trois jours,
    Avec...

  • Là-bas, cette existence en noir de grandes vieilles,
    Par les enclos en noir et les porches d’église,
    Cette existence et de prières et de veilles,
    Le soir, sous leurs mantes en noir, qu’immobilise,
    Et pendant des heures et des heures, l’extase
    Au pied d’un ostensoir, le soir, en des chapelles
    De cathédrale en noir ; et la claustrale emphase
    Du culte et...

  • Mon esprit triste, et las des textes et des gloses,
    Souvent s’en va vers ceux qui, dans leur prime ardeur,
    Avec des cris d’amour et des mots de ferveur,
    Un jour, les tout premiers, ont dénommé les choses.

    Ne sachant rien,
    Ils découvraient en s’exaltant
    La souffrance, le mal ; ou le plaisir, le bien.
    Ils confrontaient, à chaque instant,
    Leur âme...

  • Les passions d’éveil et de savoir ? — Vidées.

    Alors, viens voir ton bel ange gardien, le tien,
    Qui lentement s’assied sur tes tombeaux d’idées.

    Il te parle, très doucement, de l’autrefois ;
    Écoute : et les saluts, jadis, à l’oratoire,
    Et les Noël et les Pâques et puis les Croix
    Et les âmes des tiens qui sont en purgatoire.

    Écoute : et les premiers...

  • Ô race humaine aux astres d’or nouée,
    As-tu senti de quel travail formidable et battant,
    Soudainement, depuis cent ans,
    Ta force immense est secouée ?

    Du fond des mers, à travers terre et cieux,
    Jusques à l’or errant des étoiles perdues,
    De nuit en nuit et d’étendue en étendue,
    Se...

  • VERS LES FLEURS

    Laissez-moi m’en aller vers les fleurs, mes amies,
    En ce calme jardin où s’enclôt leur clarté :
    La lune est déjà haute et luit au ciel d’été
    Et l’étang dort, près des fontaines endormies.

    Je suis las de marcher par le soir oppresseur ;
    J’ai besoin de sentir ce qui est pur sur terre
    ...

  • Vésale

    À Paul Heger.

    À qui vous regardait baller, de large en long,
    Baller au vent, sur la montagne des Sablons,
    À qui, de loin, vous regardait,...

  • Les villages, l’hiver, vivent à l’étouffée.

    Dans les enclos boueux et les pacages gras,
    Autour des vieux fumiers que la fourche échafaude,
    Les litières jaunes et chaudes
    Se renversent par tas ;
    Sitôt que s’entr’ouvre une porte,
    S’échappe, des fournils malsains,
    La molle et fade odeur des brassins
    Que vers l’...

  • LA VIE ARDENTE

    Mon cœur, je l’ai rempli du beau tumulte humain.
    Tout ce qui fut vivant et haletant sur terre,
    Folle audace, volonté sourde, ardeur austère
    Et la révolte d’hier et l’ordre de demain
    N’ont point pour les juger refroidi ma pensée.
    Sombres charbons, j’ai fait de vous un grand feu d’or
    N’...

  • Comme des mains
    Coupées,
    Les feuilles choient sur les chemins,
    Les prés et les cépées.

    La vieille au mantelet de cotonnade,
    Capuchon bas jusqu’au menton,
    À sauts menus, sur un bâton,
    Trimballe aux champs sa promenade.

    Taupes, souris, mulots et rats
    Trottent et radotent après ses pas.

    Comme des mains
    ...