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    I

    Les ramiers tout le jour ont couru les espaces,
    Sans voir les horizons épars au-dessous d’eux,
    Allant on ne sait où de leur vol hasardeux ;
    Mais la nuit va tomber, et leurs ailes sont lasses.

    Sur la forêt qui dort dans les braises du soir
    Ils se sont abattus, pareils à des nuées ;
    Leurs prunelles par tant d’azur exténuées,
    Ils se sont...

  • Ô nocturnes rôdeurs aux courses vagabondes,
    Dont l’aube pâle fait clignoter les yeux roux,
    Et qui dormez le jour, dans l’ombre de vos trous,
    Quand les soleils font flamboyer les plaines blondes,

    Lorsque vos dents claquaient pour vos festins immondes,
    Quand la faim hérissait vos poils comme des clous,
    Ô chacals, déterreurs sinistres, dites-nous
    Si...

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    I

    Sur le tertre stérile où rien ne le protège,
    Le vieux Christ délabré pend à sa vieille croix
    Qui fléchit chaque jour un peu plus, sous son poids,
    Et sous le vent impitoyable qui l’assiège.

    Son bois décoloré s’est fendu par endroits,
    Sous les soleils, sous les averses, sous la neige ;
    Et, mutilés jadis par un bras sacrilège,
    Ses...

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    I

    Enfants, en qui vivront ma haine et mon orgueil,
    Éloignez-vous un peu de ma funèbre couche.
    Je me sens lâche quand votre geste me touche.
    L’ancêtre veut dormir. Préparez son linceul !

    Ô mes filles, calmez votre inutile deuil.
    Relevez vos cheveux épars sur votre bouche.
    Laissez entrer, ô fils muets au cœur farouche,
    L’ange noir...

  • I

    Écoute, vieux corbeau blanchi par tant d’années,
    Siffler au loin les voix féroces de l’hiver.
    Tes poumons sont d’airain et ton bec est de fer ;
    Quel vent pourrait briser tes ailes décharnées ?

    Ô lutteur isolé, mélancolique et fier,
    Que peuvent sur toi les tempêtes déchaînées ?
    Les averses et les bises désordonnées
    Chaque jour font plus rude...