• Réglons notre papier et formons bien nos lettres :

    Vers filés à la main et d'un pied uniforme,
    Emboîtant bien le pas, par quatre en peloton ;
    Qu'en marquant la césure, un des quatre s'endorme...
    Ça peut dormir debout comme soldats de plomb.

    Sur le railway du Pinde est la ligne, la forme ;
    Aux fils du télégraphe : - on en suit quatre, en long ;
    A...

  • O croisée ensommeillée,
    Dure à mes trente-six morts !
    Vitre en diamant, éraillée
    Par mes atroces accords !

    Herse hérissant rouillée
    Tes crocs où je pends et mords !
    Oubliette verrouillée
    Qui me renferme... dehors !

    Pour Toi, Bourreau que j'encense,
    L'amour n'est donc que vengeance ?..
    Ton balcon : gril à braiser ?...

    Ton...

  • Dors : ce lit est le tien... Tu n'iras plus au nôtre.
    - Qui dort dîne. - A tes dents viendra tout seul le foin.
    Dors : on t'aimera bien - L'aimé c'est toujours l'Autre...
    Rêve : La plus aimée est toujours la plus loin...

    Dors : on t'appellera beau décrocheur détoiles !
    Chevaucheur de rayons !... quand il fera bien noir ;
    Et l'ange du plafond, maigre...

  • Chien de femme légère, braque anglais pur sang.

    Beau chien, quand je te vois caresser ta maîtresse,
    Je grogne malgré moi - pourquoi ? - Tu n'en sais rien...
    - Ah, c'est que moi - vois-tu - jamais je ne caresse,
    Je n'ai pas de maîtresse, et... ne suis pas beau chien.

    - Bob ! Bob ! - Oh ! le fier nom à hurler d'allégresse !...
    Si je m'appelais Bob......

  • Quelle âme revêtir dans cette forêt vierge
    Qui va, grimpant les monts, au ciel donner assaut,
    Où la terre a gardé l'empreinte d'un sursaut
    Par quoi, depuis des temps fabuleux, elle émerge.

    Arrière fatuité, loin de moi rire sot
    Que l'on promène au bal, dans la rue ou l'auberge.
    Comme si j'explorais quelque nouvelle berge,
    J'aurai l'âme qui sied en face...

  • Ma Triste, les oiseaux de rire
    Même l'été ne voient pas
    Au Mutisme de morts de glas
    Qui vint aux grands rameaux élire

    Tragique d'un passé d'empire
    Un seul néant dans les amas
    Plus ne songeant au vain soulas
    Vers qui la ramille soupire.

    Sous les hauts dômes végétants
    Tous les sanglots sans ors d'étangs
    Veillent privés d'orgueils...

  • Elle mit son plus beau chapeau, son chapeau bleu,
    Et la robe que nul encor n'a dégrafée.
    Puis elle releva la boucle ébouriffée
    Que sa voilette avait fait redescendre un peu.

    Elle se dit : - C'est mal, très-mal! Et comme il pleut !
    Je serai faite, vrai, comme une vieille fée ! -
    Puis, avant de sortir, pour prendre une bouffée
    D'air chaud, elle...

  • C'était un grand sculpteur que le Grec Praxitèle.
    La légende pourtant nous raconte qu'un jour,
    Voulant faire une coupe et ne rien mettre autour,
    Il ne vit point de forme assez pure pour elle.

    Mais le soir, fatigué de son travail rebelle,
    Comme il baisait un sein façonné par l'amour,
    Tout à coup il trouva. Ce bouton ! ce contour
    Et la coupe naquit...

  • La belle Julia languissament s'étale
    Sur les gradins du cirque, assise au premier rang,
    Sans voir l'oeil inquiet du Samnite mourant
    Dont la vie est pendue à son doigt de vestale.

    La vierge songe bien à la clameur brutale
    De la plèbe, au vaincu qu'un vain espoir reprend !
    Elle songe, rêveuse et le coeur soupirant,
    Au beau prêtre de la Vénus orientale...

  • D'un pas leste et galant sautant hors du bateau,
    Un grand seigneur, en très somptueux équipage
    Pose ses doigts gantés sur l'épaule du page
    Qui porte dans ses bras l'épée et le manteau.

    Le compliment en vers qu'on remettra bientôt
    Est barbouillé par un pédant sur une page,
    Et les musiciens en ch?ur font du tapage
    Sous la fenêtre ouverte et sombre...