• Quand je t'aimais, pour toi j'aurais donné ma vie,
    Mais c'est toi, de t'aimer, toi qui m'ôtas l'envie.
    A tes pièges d'un jour on ne me prendra plus ;
    Tes ris sont maintenant et tes pleurs superflus.
    Ainsi, lorsqu'à l'enfant la vieille salle obscure
    Fait peur, il va tout nu décrocher quelque armure ;
    Il s'enferme, il revient tout palpitant d'effroi
    Dans sa...

  • Quand la lune blanche
    S'accroche à la branche
    Pour voir
    Si quelque feu rouge
    Dans l'horizon bouge
    Le soir,

    Fol alors qui livre
    A la nuit son livre
    Savant,
    Son pied aux collines,
    Et ses mandolines
    Au vent ;

    Fol qui dit un conte,
    Car minuit qui compte
    Le temps,
    Passe avec le prince
    Des sabbats...

  • Réponse à la chanson de Becker

    Nous l'avons eu, votre Rhin allemand,
    Il a tenu dans notre verre.
    Un couplet qu'on s'en va chantant
    Efface-t-il la trace altière
    Du pied de nos chevaux marqué dans votre sang ?

    Nous l'avons eu, votre Rhin allemand.
    Son sein porte une plaie ouverte,
    Du jour où Condé triomphant
    A déchiré sa robe verte.
    ...

  • Dans mes jours de malheur, Alfred, seul entre mille,
    Tu m'es resté fidèle où tant d'autres m'ont fui.
    Le bonheur m'a prêté plus d'un lien fragile ;
    Mais c'est l'adversité qui m'a fait un ami.

    C'est ainsi que les fleurs sur les coteaux fertiles
    Etalent au soleil leur vulgaire trésor ;
    Mais c'est au sein des nuits, sous des rochers stériles,
    Que fouille...

  • Stances

    I

    Sans doute il est trop tard pour parler encor d'elle ;
    Depuis qu'elle n'est plus quinze jours sont passés,
    Et dans ce pays-ci quinze jours, je le sais,
    Font d'une mort récente une vieille nouvelle.
    De quelque nom d'ailleurs que le regret s'appelle,
    L'homme, par tout pays, en a bien vite assez.

    II

    Ô Maria-...

  • Vous qui venez ici
    dans une humble posture

    De vos flancs alourdis
    décharger le fardeau

    Veuillez quand vous aurez
    Soulagé la nature

    Et déposé dans l'urne
    un modeste cadeau

    Epancher dans l'amphore
    un courant d'onde pure

    Et sur l'autel fumant
    placer pour chapiteau

    Le couvercle arrondi...

  • Assez dormir, ma belle !
    Ta cavale isabelle
    Hennit sous tes balcons.
    Vois tes piqueurs alertes,
    Et sur leurs manches vertes
    Les pieds noirs des faucons.

    Vois écuyers et pages,
    En galants équipages,
    Sans rochet ni pourpoint,
    Têtes chaperonnées,
    Traîner les haquenées,
    Leur arbalète au poing.

    Vois bondir dans les herbes
    ...

  • A Saint-Blaise, à la Zuecca,
    Vous étiez, vous étiez bien aise
    A Saint-Blaise.
    A Saint-Blaise, à la Zuecca,
    Nous étions bien là.

    Mais de vous en souvenir
    Prendrez-vous la peine ?
    Mais de vous en souvenir
    Et d'y revenir,

    A Saint-Blaise, à la Zuecca,
    Dans les prés fleuris cueillir la verveine,
    A Saint-Blaise, à la Zuecca,
    ...

  • Ballade


    La corde nue et maigre,
    Grelottant sous le froid
    Beffroi,
    Criait d'une voix aigre
    Qu'on oublie au couvent
    L'Avent.

    Moines autour d'un cierge,
    Le front sur le pavé
    Lavé,
    Par décence, à la Vierge
    Tenaient leurs gros péchés
    Cachés ;

    Et moi, dans mon alcôve,
    Je ne songeais à rien
    ...

  • Adieu ! je crois qu'en cette vie
    Je ne te reverrai jamais.
    Dieu passe, il t'appelle et m'oublie ;
    En te perdant je sens que je t'aimais.

    Pas de pleurs, pas de plainte vaine.
    Je sais respecter l'avenir.
    Vienne la voile qui t'emmène,
    En souriant je la verrai partir.

    Tu t'en vas pleine d'espérance,
    Avec orgueil tu reviendras ;
    Mais...