• C'est grand peine que de vivre,
    Et si ne veut-on mourir.

    Qui n'est de tous maux délivre,
    C'est grand peine que de vivre.

    Raison à la Mort nous livre,
    Rien ne nous peut secourir :
    C'est grand peine que de vivre,
    Et si ne veut-on mourir.

  • Lassé d'amours et des faits de Fortune,
    Tanné d'espoir et d'aimer trop fort une,
    Encloz d'ennui, maintenant je demeure,
    Car Desplaisir prend en moy sa demeure,
    De par Malheur qui tres fort me fortune.

    Dont je me treuve sans que joye nés une
    Soit en mon cueur secrete ne commune :
    Pour quoy je dis que je suis à ceste heure
    Lassé d'amours et des...

  • Baigne mes pieds du cristal de tes ondes,
    O ma fontaine ! et sur ton frais miroir,
    Laisse tomber mes longues tresses blondes
    Flottant au gré de la brise du soir !

    Nymphe des bois, sur ton bassin penchée,
    J'aime à rêver à l'ombre des roseaux,
    Quand une feuille à sa tige arrachée,
    Ride en tombant la nappe de tes eaux.

    J'aime à plonger ma taille...

  • Encaissé dans un lit aux arêtes rugueuses,
    Entre deux pans abrupts rongés par le courant,
    Tout au fond d'un ravin sinueux, le torrent,
    Avec un bruit confus, roule ses eaux fougueuses.

    Du rivage escarpé jusqu'au bois odorant,
    Dont l'ombre couvre au loin ces grèves rocailleuses,
    Des gradins encadrés de sapins et d'yeuses,
    Taillés dans le granit, s'...

  • C'est l'automne. Le vent balance
    Les ramilles, et par moments
    Interrompt le profond silence
    Qui plane sur les bois dormants.

    Des flaques de lumière douce,
    Tombant des feuillages touffus,
    Dorent les lichens et la mousse
    Qui croissent au pied des grands fûts.

    De temps en temps, sur le rivage,
    Dans l'anse où va boire le daim,
    ...

  • Chênes au front pensif, grands pins mystérieux,
    Vieux troncs penchés au bord des torrents furieux,
    Dans votre rêverie éternelle et hautaine,
    Songez-vous quelquefois à l'époque lointaine
    Où le sauvage écho des déserts canadiens
    Ne connaissait encor que la voix des Indiens
    Qui, groupés sous l'abri de vos branches compactes,
    Mêlaient leurs chants de guerre au...

  • Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor ;
    Au firmament l'azur de tons roses s'allume ;
    Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
    Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encor.

    Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;
    Et, dans les ravins creux qui s'emplissent de brume,
    Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume
    L'...

  • Combien ai-je de fois, le front mélancolique,
    Baisé pieusement ta touchante relique,
    Ô Montcalm ! ce drapeau témoin de tant d'efforts,
    Ce drapeau glorieux que chanta Crémazie !,
    Drapeau qui n'a jamais connu d'apostasie,
    Et que la France, un jour, oublia sur nos bords !

    Devant ces plis sacrés troués par les tempêtes
    Qui tant de fois jadis ont tonné sur...

  • La pâle nuit d'automne
    De ténèbres couronne
    Le front gris du manoir ;
    Morne et silencieuse,
    L'ombre s'assied, rêveuse,
    Sous le vieux sapin noir.

    Au firmament ses voiles
    Sont parsemés d'étoiles
    Dont le regard changeant,
    Sur la nappe des ondes,
    Répand en gerbes blondes
    Ses paillettes d'argent.

    Dans le ciel en silence
    La...

  • Chateau de Prosper Blanchemain

    Ce fut, dit-on, jadis un paisible couvent
    Coquettement caché sur les bords où la Creuse
    Avec un bruit d'écluse, en serpentant se creuse
    Un lit sonore et frais sous le saule mouvant.

    Des grands arbres perçant la voûte ténébreuse,
    Sa tour jumelle luit sous le soleil levant.. .
    Je ne l'ai jamais vu, mais en rêve...