Sur le vieux banc qu?ombrage un vert rideau de vigne
Clydie aux bandeaux purs, Clydie au col de cygne
Dévide, pour broder des oiseaux et des fleurs,
Un écheveau de soie aux brillantes couleurs.
Devant elle Palès tient, comme elle l?ordonne,
Sur ses petites mains l?écheveau monotone,
Et laissant par moments échapper un soupir
Remonte un peu le bras que l?ennui...
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Dans la cuisine où flotte une senteur de thym,
Au retour du marché, comme un soir de butin,
S?entassent pêle-mêle avec les lourdes viandes
Les poireaux, les radis, les oignons en guirlandes,
Les grands choux violets, le rouge potiron,
La tomate vernie et le pâle citron.
Comme un grand cerf-volant la raie énorme et plate
Gît fouillée au couteau, d?une plaie... -
Mon coeur, tremblant des lendemains,
Est comme un oiseau dans tes mains
Qui s'effarouche et qui frissonne.
Il est si timide qu'il faut
Ne lui parler que pas trop haut
Pour que sans crainte il s'abandonne.
Un mot suffit à le navrer,
Un regard en lui fait vibrer
Une inexprimable amertume.
Et ton haleine seulement,
Quand tu... -
Tout dort. Le fleuve antique entre ses quais de pierre
Semble immobile. Au loin s?espacent des beffrois.
Et sur la cité, monstre aux écailles de toits,
Le silence descend, doux comme une paupière.
Les palais et les tours sur le ciel étoilé
Découpent des profils de rêve. Notre-dame
Se reflète, géante, au miroir de mon âme.
Et la Sainte-Chapelle a l?air... -
Dans le parc vaporeux où l'heure s'énamoure,
Les robes de satin et les sveltes manteaux
Se mêlent, reflétés au ciel calme des eaux,
Et c'est la fin d'un soir infini qu'on savoure.
Les éventails sont clos ; dans l'air silencieux
Un andante suave agonise en sourdine,
Et, comme l'eau qui tombe en la vasque voisine,
L'amour tombe dans l'âme et déborde... -
Le ciel suave était jonché de pâles roses...
Tes yeux tendres au fond de ton large chapeau
Rêvaient : tu flottais toute aux plis d'un grand manteau,
Et ton coeur, qu'inclinaient d'inexprimables choses,
Le ciel suave était jonché de pâles roses...
Se penchait sur mon coeur comme un iris sur l'eau.
Le ciel suave était jonché de violettes...
Avec je... -
Les générations passent sous le soleil,
Sans regarder le ciel trop haut pour leurs paupières,
Bétail indifférent, végétant aux litières
Des jours de chair épaisse et d?opaque sommeil.
L?or seul, l?or luit partout, dieu sordide et vermeil.
Et les peuples obscurs, qu?effare la lumière,
Roulent à l?océan sans fond de la matière,
Larves mornes qui n?ont... -
Mon Ame est une infante en robe de parade,
Dont l'exil se reflète, éternel et royal,
Aux grands miroirs déserts d'un vieil Escurial,
Ainsi qu'une galère oubliée en la rade.
Aux pieds de son fauteuil, allongés noblement,
Deux lévriers d'Écosse aux yeux mélancoliques
Chassent, quand il lui plaît, les bêtes symboliques
Dans la forêt du Rêve et de l'... -
Ton Souvenir est comme un livre bien aimé,
Qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé,
Un livre où l'on vit mieux sa vie, et qui vous hante
D'un rêve nostalgique, où l'âme se tourmente.
Je voudrais, convoitant l'impossible en mes voeux,
Enfermer dans un vers l'odeur de tes cheveux ;
Ciseler avec l'art patient des orfèvres
Une phrase... -
Le vent frais de l?aurore agite les lilas.
Néère, nue et blanche, et riant aux éclats,
Du bout d?un pied de neige, au bord de la rivière,
Agace le cristal de l?onde familière,
Cependant que, non loin, guettant l?âge nouveau,
Le satyre suspend son haleine au pipeau ;
Et l?enfant que sa grâce innocente décore,
Ignorante des mois, dans sa chair pure encore,...