• Mon bon ami, poëte aux longs cheveux,
    Joueur de flûte à l'humeur vagabonde,
    Pour l'an qui vient je t'adresse mes voeux :
    Enivre-toi, dans une paix profonde,
    Du vin sanglant et de la beauté blonde.
    Comme à Noël, pour faire réveillon
    Près du foyer en flamme, où le grillon
    Chante à mi-voix pour charmer ta paresse,
    Toi, vieux Gaulois et fils du bon Villon,...

  • Dans Naxos, où les fleurs ouvrent leurs grands calices
    Et que la douce mer baise avec des sanglots,
    Dans l'île fortunée, enchantement des flots,
    Le divin Iacchos apporte ses délices.

    Entouré des lions, des panthères, des lices,
    Le Dieu songe, les yeux voilés et demi-clos ;
    Les Thyades au loin charment les verts îlots
    Et de ses raisins noirs ornent leurs...

  • Ô forêt adorée encor, Fontainebleau !
    Dis-moi, le gardes-tu sur le tronc d'un bouleau,
    Ce nom que j'appelais mon espoir et mes forces,
    Et que j'avais gravé partout dans tes écorces ?

    Elle, enfant comme moi, nous allions, le matin,
    Respirer les odeurs de verdure et de thym,
    Et voir tes rochers gris s'éveiller dans la flamme.
    Puis, quand se reposait celle...

  • Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt !
    Escalade la roche aux nobles altitudes.
    Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,
    Fuis les regrets amers que ton coeur savourait.

    Dès l'heure éblouissante où le matin paraît,
    Marche au hasard ; gravis les sentiers les plus rudes.
    Va devant toi, baisé par l'air des solitudes,
    Comme une biche en pleurs qu'on...

  • Grâces, ô vous que suit des yeux dans la nuit brune
    Le pâtre qui vous voit, par les rayons de lune,
    Bondir sur le tapis folâtre des gazons,
    Dans votre vêtement de toutes les saisons !
    Et toi qui fais pâmer les fleurs quand tu respires,
    Fleur de neige, ô Cypris ! toi, mère des sourires,
    Dont le costume ancien, même après fructidor,
    Se compose de lys avec des...

  • A travers le bois fauve et radieux,
    Récitant des vers sans qu'on les en prie,
    Vont, couverts de pourpre et d'orfèvrerie,
    Les Comédiens, rois et demi-dieux.

    Hérode brandit son glaive odieux ;
    Dans les oripeaux de la broderie,
    Cléopâtre brille en jupe fleurie
    Comme resplendit un paon couvert d'yeux.

    Puis, tout flamboyants sous les chrysolithes...

  • Italie, Italie, ô terre où toutes choses
    Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins !
    Paradis où l'on trouve avec des lauriers-roses
    Des sorbets à la neige et des ballets divins !

    Terre où le doux langage est rempli de diphthongues !
    Voici qu'on pense à toi, car voici venir mai,
    Et nous ne verrons plus les redingotes longues
    Où tout parfait dandy...

  • Par le chemin des vers luisants,
    De gais amis à l'âme fière
    Passent aux bords de la rivière
    Avec des filles de seize ans.
    Beaux de tournure et de visage,
    Ils ravissent le paysage
    De leurs vêtements irisés
    Comme de vertes demoiselles,
    Et ce refrain, qui bat des ailes,
    Se mêle au vol de leurs baisers :

    Avec nous l'on chante et l'on aime,...