• C'est un palais du dieu, tout rempli de sa gloire.

    Cariatides soeurs, des figures d'ivoire
    Portent le monument qui monte à l'éther bleu,
    Fier comme le témoin d'une immortelle histoire.

    Quoique l'archer Soleil avec ses traits de feu
    Morde leurs seins polis et vise à leurs prunelles,
    Elles ne baissent pas les regards pour si peu.

    Même le lourd...

  • Page blanche, allons, étincelle !
    Car ce rondeau, je le cisèle
    Pour la reine de la chanson,
    Qui rit du céleste Enfançon
    Et doucement vous le musèle.

    Zéphyre l'évente avec zèle,
    Et pour ne pas vivre sans elle,
    Titania donnerait son
    Page.

    Le bataillon de la Moselle
    A sa démarche de gazelle
    Eût tout entier payé rançon...

  • Ô colombe qui meurs dans le ciel azuré,
    Rouvre un instant les yeux, mourante aux blanches ailes !
    Le vautour qui te tue expire, déchiré
    Par des flèches mortelles.

    Va, tu tombes vengée, ô victime, et ta soeur
    Peut voir, en traversant la forêt d'ombre pleine,
    L'oiseau tout sanglant pendre au carquois d'un chasseur
    Qui passe dans la plaine.

    Le...

  • Vous en qui je salue une nouvelle aurore,
    Vous tous qui m'aimerez,
    Jeunes hommes des temps qui ne sont pas encore,
    Ô bataillons sacrés !

    Et vous, poëtes, pleins comme moi de tendresse,
    Qui relirez mes vers
    Sur l'herbe, en regardant votre jeune maîtresse
    Et les feuillages verts !

    Vous les lirez, enfants à chevelure blonde,
    Coeurs tout...

  • I

    Je vois au grand soleil tes cheveux insolents
    Rayonner et frémir, dignes d'un chant lyrique.
    Jaunes comme l'arc d'or de la nymphe homérique,
    Ils courent sur ton sein par de hardis élans.

    Et l'ivoire qui mord leurs anneaux ruisselants,
    Avant de contenir cette extase féerique
    Arrêterait plutôt les fleuves d'Amérique
    Où la neige des monts...

  • Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés.
    Les Amours des bassins, les Naïades en groupe
    Voient reluire au soleil en cristaux découpés
    Les flots silencieux qui coulaient de leur coupe.
    Les lauriers sont coupés, et le cerf aux abois
    Tressaille au son du cor; nous n'irons plus au bois,
    Où des enfants charmants riait la folle troupe
    Sous les regards...

  • Ses yeux sont transparents comme l'eau du Jourdain.
    Elle a de lourds colliers et des pendants d'oreilles ;
    Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
    Et la rose des bois a peur de son dédain.

    Elle rit et folâtre avec un air badin,
    Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
    Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
    Pour la...

  • L'eau, dans les grands lacs bleus
    Endormie,
    Est le miroir des cieux :
    Mais j'aime mieux les yeux
    De ma mie.

    Pour que l'ombre parfois
    Nous sourie,
    Un oiseau chante au bois :
    Mais j'aime mieux la voix
    De ma mie.

    La rosée, à la fleur
    Défleurie
    Rend sa vive couleur :
    Mais j'aime mieux un pleur
    De ma mie.

    ...

  • A Henri d'Ideville.


    Le torrent que baise l'éclair
    Sous les bois qui lui font des voiles,
    Murmure, ivre d'un rhythme clair,
    Et boit les lueurs des étoiles.

    Il roule en caressant son lit
    Où se mirent les météores,
    Et, plein de fraîcheur, il polit
    Des cailloux sous ses flots sonores.

    Tel, je polissais, cher Henri,
    Des vers...

  • Sculpteur, cherche avec soin, en attendant l'extase,
    Un marbre sans défaut pour en faire un beau vase ;
    Cherche longtemps sa forme et n'y retrace pas
    D'amours mystérieux ni de divins combats.
    Pas d'Héraklès vainqueur du monstre de Némée,
    Ni de Cypris naissant sur la mer embaumée ;
    Pas de Titans vaincus dans leurs rébellions,
    Ni de riant Bacchus attelant les...