Quand du sort inhumain les tenailles flambantes
Du milieu de mon corps tirent cruellement
Mon coeur qui bat encor' et pousse obstinément,
Abandonnant le corps, ses plaintes impuissantes,
Que je sens de douleurs, de peines violentes !
Mon corps demeure sec, abattu de tourment
Et le coeur qu'on m'arrache est de mon sentiment,
Ces parts meurent en moi...
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Quand nature forma d'un art industrieus
Cette beauté divine à nulle autre seconde,
Elle prit dans des feux qui font tousjours la ronde
Par le cercle estoilé, pour en faire ses yeux.
Elle mit le croissant sur son front gracieus,
Elle emprunta les rais du grand flambeau du monde,
Afin d'en colorer sa belle tresse blonde :
Bref, elle butina tout le... -
Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli
Oh ! quel bonheur profond, intime, recueilli !
Amour ! hymen d'en haut ! ô pur lien des âmes !
Il garde ses rayons même en perdant ses flammes.
Ces deux coeurs qu'il a pris jadis n'en font plus qu'un.
Il fait, des souvenirs de leur passé commun,
L'impossibilité de vivre l'un sans l'autre.
- Chérie, n'est-ce... -
Quand nous habitions tous ensemble
Sur nos collines d'autrefois,
Où l'eau court, où le buisson tremble,
Dans la maison qui touche aux bois,
Elle avait dix ans, et moi trente ;
J'étais pour elle l'univers.
Oh! comme l'herbe est odorante
Sous les arbres profonds et verts !
Elle faisait mon sort prospère,
Mon travail léger, mon ciel bleu.... -
Quand la lune apparaît dans la brume des plaines,
Quand l'ombre émue a l'air de retrouver la voix,
Lorsque le soir emplit de frissons et d'haleines
Les pâles ténèbres des bois,
Quand le boeuf rentre avec sa clochette sonore,
Pareil au vieux poëte, accablé, triste et beau,
Dont la pensée au fond de l'ombre tinte encore
Devant la porte du tombeau ;... -
Quand les guignes furent mangées,
Elle s'écria tout à coup :
J'aimerais bien mieux des dragées.
Est-il ennuyeux, ton Saint-Cloud !
On a grand-soif ; au lieu de boire,
On mange des cerises ; voi,
C'est joli, j'ai la bouche noire
Et j'ai les doigts bleus ; laisse-moi. -
Elle disait cent autres choses,
Et sa douce main me battait.... -
Quand le livre où s'endort chaque soir ma pensée,
Quand l'air de la maison, les soucis du foyer,
Quand le bourdonnement de la ville insensée
Où toujours on entend quelque chose crier,
Quand tous ces mille soins de misère ou de fête
Qui remplissent nos jours, cercle aride et borné,
Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête,
Le regard de mon âme... -
Oh ! quand je dors, viens auprès de ma couche,
Comme à Pétrarque apparaissait Laura,
Et qu'en passant ton haleine me touche... -
Soudain ma bouche
S'entr'ouvrira !
Sur mon front morne où peut-être s'achève
Un songe noir qui trop longtemps dura,
Que ton regard comme un astre se lève... -
Soudain mon rêve
Rayonnera !
Puis sur ma... -
Si quand il faut tirer le rideau de la vie
Le cors au departir sent une telle mort,
Que je sens en partant de vous ma douce vie,
Dont la main tient la clef de ma vie et ma mort :
A bon droit un chacun brigue l'heur de la vie,
Tousjours se derobant des griffes de la mort
Mais l'espoir du retour me fait tourner en vie,
En pensant au depart je me parts... -
Quand je vous dis que vos yeux m'ont bruslé,
Vous faites l'offencée ;
Quand je vous cache ma pensée,
Vous m'appellez dissimulé !
Helas ! que dois-je faire ?
Si je parle, vous vous faschez,
Et si je me veux taire,
Vous me le reprochez.
Si vous traittez d'une esgale rigueur
Ma plainte et mon silence,
Belle Philis, tout vous offence,...