• Je veux mourir pour tes beautés, Maîtresse,
    Pour ce bel oeil, qui me prit à son hain,
    Pour ce doux ris, pour ce baiser tout plein
    D'ambre et de musc, baiser d'une Déesse.

    Je veux mourir pour cette blonde tresse,
    Pour l'embonpoint de ce trop chaste sein,
    Pour la rigueur de cette douce main,
    Qui tout d'un coup me guérit et me blesse.

    Je veux...

  • Avant le temps tes temples fleuriront,
    De peu de jours ta fin sera bornée,
    Avant le soir se clorra ta journée ,
    Trahis d'espoir tes pensers periront :

    Sans me flechir tes escrits fletriront,
    En ton desastre ira ma destinée,
    Ta mort sera pour m'aimer terminée,
    De tes souspirs noz neveux se riront.

    Tu seras fait d'un vulgaire la fable :
    ...

  • Je vous envoye un bouquet que ma main
    Vient de trier de ces fleurs épanies,
    Qui ne les eust à ce vespre cuillies,
    Cheutes à terre elles fussent demain.

    Cela vous soit un exemple certain
    Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,
    En peu de tems cherront toutes flétries,
    Et comme fleurs, periront tout soudain.

    Le tems s'en va, le...

  • Quand je suis tout baissé sur votre belle face,
    Je vois dedans vos yeux je ne sais quoi de blanc,
    Je ne sais quoi de noir, qui m'émeut tout le sang,
    Et qui jusques au coeur de veine en veine passe.

    Je vois dedans Amour, qui va changeant de place,
    Ores bas, ores haut, toujours me regardant,
    Et son arc contre moi coup sur coup débandant.
    Las ! si je faux...

  • Marie, vous passez en taille, et en visage,
    En grâce, en ris, en yeux, en sein, et en téton,
    Votre moyenne soeur, d'autant que le bouton
    D'un rosier franc surpasse une rose sauvage.

    Je ne dis pas pourtant qu'un rosier de bocage
    Ne soit plaisant à l'oeil, et qu'il ne sente bon ;
    Aussi je ne dis pas que votre soeur Thoinon
    Ne soit belle, mais quoi ? vous...

  • Comme on voit sur la branche au mois de may la rose,
    En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur,
    Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
    Quand l'Aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose ;

    La grace dans sa feuille, et l'amour se repose,
    Embasmant les jardins et les arbres d'odeur ;
    Mais batue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,
    Languissante elle...

  • Donne moy tes presens en ces jours que la Brume
    Fait les plus courts de l'an, ou de ton rameau teint
    Dans le ruisseau d'Oubly dessus mon front espreint,
    Endor mes pauvres yeux, mes gouttes et mon rhume.

    Misericorde ô Dieu, ô Dieu ne me consume
    A faulte de dormir, plustost sois-je contreint
    De me voir par la peste ou par la fievre esteint,
    Qui mon...

  • Pourquoi, comme une jeune Poutre,
    De travers guignes-tu vers moi ?
    Pourquoi, farouche, fuis-tu outre,
    Quand je veux approcher de toi ?

    Tu ne veux pas que l'on te touche,
    Mais si je t'avais sous ma main,
    Assure-toi que dans la bouche
    Bientôt je t'aurais mis le frein.

    Puis, te voltant à toute bride,
    Soudain je te ferais au cours,
    Et...

  • Ce beau corail, ce marbre qui soupire,
    Et cet ébène ornement du sourcil,
    Et cet albâtre en voûte raccourci,
    Et ces saphirs, ce jaspe et ce porphyre,

    Ces diamants, ces rubis qu'un Zéphyre
    Tient animés d'un soupir adouci,
    Et ces oeillets, et ces roses aussi,
    Et ce fin or, où l'or même se mire,

    Me sont au coeur en si profond émoi,
    Qu'un...

  • Le jour pousse la nuit,
    Et la nuit sombre
    Pousse le jour qui luit
    D'une obscure ombre.

    L'Autonne suit l'Esté,
    Et l'aspre rage
    Des vents n'a point esté
    Apres l'orage.

    Mais la fièvre d'amours
    Qui me tourmente,
    Demeure en moy tousjours,
    Et ne s'alente.

    Ce n'estoit pas moy, Dieu,
    Qu'il falloit poindre,
    Ta...