• Glaciers bleus, pics de marbre et d'ardoise, granits,
    Moraines dont le vent, du Néthou jusqu'à Bègle,
    Arrache, brûle et tord le froment et le seigle,
    Cols abrupts, lacs, forêts pleines d'ombre et de nids !

    Antres sourds, noirs vallons que les anciens bannis,
    Plutôt que de ployer sous la servile règle,
    Hantèrent avec l'ours, le loup, l'isard et l'aigle...

  • Suivant les vers de Henry III.

    Ô passant, c'est ici que repose Hyacinthe
    Qui fut de son vivant seigneur de Maugiron ;
    Il est mort - Dieu l'absolve et l'ait en son giron !
    Tombé sur le terrain, il gît en terre sainte.

    Nul, ni même Quélus, n'a mieux, de perles ceinte,
    Porté la toque à plume ou la fraise à godron ;
    Aussi vois-tu, sculpté par un...

  • D'un doigt distrait frôlant la sonore bîva,
    A travers les bambous tressés en fine latte,
    Elle a vu, par la plage éblouissante et plate,
    S'avancer le vainqueur que son amour rêva.

    C'est lui. Sabres au flanc, l'éventail haut, il va.
    La cordelière rouge et le gland écarlate
    Coupent l'armure sombre, et, sur l'épaule, éclate
    Le blason de Hizen ou de...

  • A l'ombre de la voûte en fleur des catalpas
    Et des tulipiers noirs qu'étoile un blanc pétale,
    Il ne repose point dans la terre fatale ;
    La Floride conquise a manqué sous ses pas.

    Un vil tombeau messied à de pareils trépas.
    Linceul du Conquérant de l'Inde Occidentale,
    Tout le Meschacébé par-dessus lui s'étale.
    Le Peau-Rouge et l'ours gris ne le...

  • Sous les coiffes de lin, toutes, croisant leurs bras
    Vêtus de laine rude ou de mince percale,
    Les femmes, à genoux sur le roc de la cale,
    Regardent l'Océan blanchir l'île de Batz.

    Les hommes, pères, fils, maris, amants, là-bas,
    Avec ceux de Paimpol, d'Audierne et de Cancale,
    Vers le Nord, sont partis pour la lointaine escale.
    Que de hardis...

  • Ils fuient, ivres de meurtre et de rébellion,
    Vers le mont escarpé qui garde leur retraite ;
    La peur les précipite, ils sentent la mort prête
    Et flairent dans la nuit une odeur de lion.

    Ils franchissent, foulant l'hydre et le stellion,
    Ravins, torrents, halliers, sans que rien les arrête ;
    Et déjà, sur le ciel, se dresse au loin la crête
    De l'Ossa, de l...

  • Depuis que le Dompteur entra dans la forêt
    En suivant sur le sol la formidable empreinte,
    Seul, un rugissement a trahi leur étreinte.
    Tout s'est tu. Le soleil s'abîme et disparaît.

    A travers le hallier, la ronce et le guéret,
    Le pâtre épouvanté qui s'enfuit vers Tirynthe
    Se tourne, et voit d'un oeil élargi par la crainte
    Surgir au bord des bois le grand...

  • A Gérôme.

    Là-bas, les muezzins ont cessé leurs clameurs.
    Le ciel vert, au couchant, de pourpre et d'or se frange ;
    Le crocodile plonge et cherche un lit de fange,
    Et le grand fleuve endort ses dernières rumeurs.

    Assis, jambes en croix, comme il sied aux fumeurs,
    Le Chef rêvait, bercé par le haschisch étrange,
    Tandis qu'avec effort faisant...

  • A Claudius Popelin.

    La gloire a sillonné de ses illustres rides
    Le visage hardi de ce grand Cavalier
    Qui porte sur son front que nul n'a fait plier
    Le hâle de la guerre et des soleils torrides.

    En tous lieux, Côte-Ferme, îles, sierras arides,
    Il a planté la croix, et, depuis l'escalier
    Des Andes, promené son pennon familier
    Jusqu'au...

  • Dans ce vallon sauvage où César t'exila,
    Sur la roche moussue, au chemin d'Ardiège,
    Penchant ton front qu'argente une précoce neige,
    Chaque soir, à pas lents, tu viens t'accouder là.

    Tu revois ta jeunesse et ta chère villa
    Et le Flamine rouge avec son blanc cortège ;
    Et pour que le regret du sol Latin s'allège,
    Tu regardes le ciel, triste Sabinula...