• Enfant de la nature,
    Il lui faut ses bouquets ;
    Ses tapis de verdure
    Et l'or de ses guérets.

    Mais il faut au poète
    Des rythmes inconnus,
    Les clartés du prophète
    Et les nuits de Jésus.

    Il lui faut des études
    Aux aspects infinis :
    D'austères solitudes
    Pour nourrir ses esprits.

    C'est là que le génie,
    Au...

  • Qu'il soit permis au folâtre poète,
    En recordant son amour passager,
    Mille discours fabuleux ménager,
    Et se trompant que son heur il trompette,

    De mes Amours, jouir, je ne projette,
    Je ne veux point si avant me plonger
    Dedans les flots d'un espoir mensonger,
    Loin, loin de moi cette erreur je rejette.

    D'un bel objet mon âme se repaît,
    Un...

  • Ami, cache ta vie et répands ton esprit.

    Un tertre, où le gazon diversement fleurit ;
    Des ravins où l'on voit grimper les chèvres blanches ;
    Un vallon, abrité sous un réseau de branches
    Pleines de nids d'oiseaux, de murmures, de voix,
    Qu'un vent joyeux remue, et d'où tombe parfois,
    Comme un sequin jeté par une main distraite,
    Un rayon de soleil...

  • Le poète s'en va dans les champs ; il admire,
    Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
    Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,
    Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,
    Celles qui des paons même éclipseraient les queues,
    Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues,
    Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets,
    De petits airs...

  • " Le vent chasse loin des campagnes
    Le gland tombé des rameaux verts ;
    Chêne, il le bat sur les montagnes ;
    Esquif, il le bat sur les mers.
    Jeune homme, ainsi le sort nous presse.
    Ne joins pas, dans ta folle ivresse,
    Les maux du monde à tes malheurs ;
    Gardons, coupables et victimes,
    Nos remords pour nos propres crimes,
    Nos pleurs pour nos...

  • I

    Aux champs, compagnons et compagnes !
    Fils, j'élève à la dignité
    De géorgiques les campagnes
    Quelconques où flambe l'été !

    Flamber, c'est là toute l'histoire
    Du coeur, des sens, de la saison,
    Et de la pauvre mouche noire
    Que nous appelons la raison.

    Je te fais molosse, ô mon dogue !
    L'acanthe manque ? j'ai le thym....

  • Merci, poète! -- au seuil de mes lares pieux,
    Comme un hôte divin, tu viens et te dévoiles ;
    Et l'auréole d'or de tes vers radieux
    Brille autour de mon nom comme un cercle d'étoiles.

    Chante ! Milton chantait ; chante ! Homère a chanté.
    Le poète des sens perce la triste brume ;
    L'aveugle voit dans l'ombre un monde de clarté.
    Quand l'oeil du corps...

  • (extrait)

    Peuples ! écoutez le poète !
    Ecoutez le rêveur sacré !
    Dans votre nuit, sans lui complète,
    Lui seul a le front éclairé.
    Des temps futurs perçant les ombres,
    Lui seul distingue en leurs flancs sombres
    Le germe qui n'est pas éclos.
    Homme, il est doux comme une femme.
    Dieu parle à voix basse à son âme
    Comme aux forêts et comme aux...

  • Il faut que le poète, épris d'ombre et d'azur,
    Esprit doux et splendide, au rayonnement pur,
    Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent,
    Chanteur mystérieux qu'en tressaillant écoutent
    Les femmes, les songeurs, les sages, les amants,
    Devienne formidable à de certains moments.
    Parfois, lorsqu'on se met à rêver sur son livre,
    Où tout berce, éblouit,...

  • La plaine un jour disait à la montagne oisive :
    " Rien ne vient sur ton front des vents toujours battu ! "
    Au poète, courbé sur sa lyre pensive,
    La foule aussi disait : " Rêveur, à quoi sers-tu ? "

    La montagne en courroux répondit à la plaine :
    " C'est moi qui fais germer les moissons sur ton sol ;
    Du midi dévorant je tempère l'haleine ;
    J'arrête...