• XVIII

    Dans Virgile parfois, dieu tout près d’être un ange,
    Le vers porte à sa cime une lueur étrange.
    C’est que, rêvant déjà ce qu’à présent on sait,
    Il chantait presque à l’heure où jésus vagissait.
    C’est qu’à son issu même il est...

  • Un ange chez moi parfois vient le soir
    Dans un domino d’Hilcampt ou Palmyre,
    Robe en moire antique avec cachemire,
    Voilette & chapeau faisant masque noir.

    Ses ailes ainsi, nul ne peut les voir,
    Ni ses yeux d’azur où le ciel se mire ;
    Son joli menton que l’artiste admire,
    Un bouquet le cache ou bien le mouchoir.

    Mon petit lit rouge à...

  •  
    Parfois c’est un devoir de féconder l’horreur.
    Il convient qu’un feu sombre éclaire un empereur.
    J’ai fait Les Châtiments. J’ai dû faire ce livre.
    Moi que toute blancheur et toute grâce enivre,
    Je me suis approché de la haine à regret.
    J’ai senti qu’il fallait, quand l’honneur émigrait,
    Mettre au-dessus du crime, en une ombre sereine,
    Le...

  •  
    Le spectre que parfois je rencontre riait.
    — Pourquoi ris-tu ? Lui dis-je. ― Il dit : ― Homme inquiet,
    Regarde.
                       Il me montrait dans l’ombre un cimetière.

    J’y vis une humble croix près d’une croix altière ;
    L’une en bois, l’autre en marbre ; et le spectre reprit,
    Tandis qu’au loin le vent passait comme un esprit
    Et des arbres...

  • Parfois, sur les confins du sommeil qui s'achève,
    A l'heure où l'âme est triste et flotte au bas du rêve,
    Un souvenir d'amour nous étreint à la gorge,
    Vivant et si profond qu'on en voudrait mourir.
    Le coeur, rempli de pleurs voluptueux, déborde ;
    On mord en sanglotant les draps, la chair sans force
    Se fond dans la langueur exquise de souffrir :
    " Mon...

  • Qu'il est doux parfois d'être de ton avis,
    frère aîné, ô mon corps,
    qu'il est doux d'être fort
    de ta force,
    de te sentir feuille, tige, écorce
    et tout ce que tu peux devenir encor,
    toi, si près de l'esprit.

    Toi, si franc, si uni
    dans ta joie manifeste
    d'être cet arbre de gestes
    qui, un instant, ralentit
    les allures célestes
    ...

  • Tu arbores parfois cette grâce bénigne
    Du matinal jardin tranquille et sinueux
    Qui déroule, là-bas, parmi les lointains bleus,
    Ses doux chemins courbés en cols de cygne.

    Et, d'autres fois, tu m'es le frisson clair
    Du vent rapide et exaltant
    Qui passe, avec ses doigts d'éclair,
    Dans les crins d'eau de l'étang blanc.

    Au bon toucher de tes...