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    I

    IL est un grand tombeau dont l’horreur me poursuit,
    Large, froid, et peuplé de silences funèbres :
    — C’est l’immense tombeau qu’ouvre sur nous la nuit
    Dans l’azur dilaté par l’effroi des ténèbres.

    Comme des jours furtifs où glisse la pâleur
    D’un ciel d’or très lointain, au travers d’un mur sombre,
    Les étoiles, filtrant leur clarté sans...

  • Je vis Aldebaran dans les cieux. Je lui dis :

    — Ô toi qui luis ! Ô toi qui des clairs paradis
    Ou des hideux enfers portes la torche énorme,
    Toi seul connais ta loi, je ne vois que ta forme ;
    Car d'une énigme à l'autre on ne peut traverser.
    Tout est sphinx ; quand on voit la comète passer
    Farouche, et sans qu'aucun firmament l'ose exclure,
    Sait-on ce...

  • C'est une nuit d'été ; nuit dont les vastes ailes
    Font jaillir dans l'azur des milliers d'étincelles ;
    Qui, ravivant le ciel comme un miroir terni,
    Permet à l'oeil charmé d'en sonder l'infini ;
    Nuit où le firmament, dépouillé de nuages,
    De ce livre de feu rouvre toutes les pages !
    Sur le dernier sommet des monts, d'où le regard
    Dans un trouble horizon se...

  • Où donc est la clarté ? Cieux, où donc est la flamme ?
    Où donc est la lumière éternelle de l'âme ?
    Où donc est le regard joyeux qui voit toujours ?

    Depuis qu'en proie aux deuils, aux luttes, aux amours,
    Plaignant parfois l'heureux plus que le misérable,
    Je traverse, pensif, la vie impénétrable,
    J'ai sans cesse vu l'heure, en tournant pas à pas,
    ...

  • L'infini tout entier transparaît sous les voiles
    Que lui tissent les doigts des hivers radieux
    Et la forêt obscure et profonde des cieux
    Laisse tomber vers nous son feuillage d'étoiles.
    La mer ailée, avec ses flots d'ombre et de moire,
    Parcourt, sous les feux d'or, sa pâle immensité ;
    La lune est claire et ses rayons diamantés
    Baignent tranquillement le front...