J’ai caressé la mort, riant au suicide,
Souvent et volontiers quand j’étais plus heureux ;
De ma joie ennuyé je la trouvais aride,
J’étais las d’un beau ciel et d’un lit amoureux.
Le bonheur est pesant, il assoupit notre âme.
Il étreint notre cœur d’un...

Poet: Petrus Borel

                  Ah ! ce n’est pas aimer que prendre sur soi-même
                  De pouvoir vivre ainsi loin de l’objet qu’on aime.
                                              ANDRÉ CHÉNIER.

Malheur à moi ! je...

En vain sur mon malheur, Alfred veut me tromper,
Aux torts qu’il se reproche, il ne peut échapper ;
En vain, il se promet de me rester fidèle ;
Sa tristesse me dit que je ne suis plus belle.
Hélas ! son inconstance est peinte en ses regrets.
Depuis qu’un mal...

 
Notre premier malheur est notre sûre épreuve.
A ce coup imprévu toute âme belle et neuve
Se révolte, et se plaint amèrement à Dieu
D'un mal inexplicable et mérité si peu ;
Mais tendre et résignée, et se sentant meilleure,
Sur le malheur d'autrui cette âme...

Ce n'est qu'un vent furtif que le bien de nos jours,
Qu'une fumée en l'air, un songe peu durable ;
Notre vie est un rien, à un point comparable,
Si nous considérons ce qui dure toujours.

L'homme se rend encor lui-même misérable,
Ce peu de temps duquel il abrège...

De Sponde, ton malheur fut ta félicité,
Tu fus, abandonnant la vanité mondaine,
De son incertitude une preuve certaine,
Et trouvas ta constance en sa légèreté.

Mon Dieu, que ta prison fut bien ta liberté !
Ô combien de repos tu tiras de ta peine !
Que de...

Pourquoi pour mon malheur eus-je l'oeil si léger ?
Pourquoi le sens si prompt, et l'esprit si fragile,
Que de voir, que d'aimer, et que de m'engager
A servir un bel oeil d'un labeur inutile ?

Pour avoir vu je meurs, mais d'une mort subtile
Qui renaît d'elle-même...

Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire ;
Je ne suis plus le charme de ses yeux ;
Ma voix n'a plus l'accent qui vient des cieux,
Pour attendrir sa jalouse colère ;
Il ne vient plus, saisi d'un vague effroi,
Me demander des serments ou des larmes :
Il veille en...

Suivi du Suicide impie,
A travers les pâles cités,
Le Malheur rôde, il nous épie,
Prés de nos seuils épouvantés.
Alors il demande sa proie ;
La jeunesse, au sein de la joie,
L'entend, soupire et se flétrit ;
Comme au temps où la feuille tombe,
Le vieillard...

Nous nous aimions comme deux fous ;
On s'est quittés sans en parler.
(Un spleen me tenait exilé
Et ce spleen me venait de tout.)

Que ferons-nous, moi, de mon âme,
Elle de sa tendre jeunesse !
Ô vieillissante pécheresse,
Oh ! que tu vas me rendre infâme...