• Cette belle ennemie et d'Amour et de moi,
    Qui presqu'en se jouant range tout en servage,
    A pour soldats choisis, et pour riche équipage
    L’honneur, la Chasteté. la Constance et la Foi :

    Un seul mauvais penser n'a place auprès de soi,
    La Vertu toute vive est peinte en son visage :
    Si bien que qui la voit lève au Ciel son courage,
    Et des communs désirs...

  • Je vous offre ces vers qu’Amour m'a fait écrire,
    De vos yeux ses flambeaux ardemment agité,
    Non pour sacrer ma peine à l'immortalité :
    Car à si haut loyer ma jeunesse n'aspire.

    C'est le but de mes vœux, que je vous fasse lire
    Le variable état de ma captivité,
    Célébrant vos honneurs si je suis bien traité,
    Accusant vos rigueurs si je sens du martyre...

  • Amour, tu es aveugle et d'esprit et de vue,
    De ne voir pas comment ta force diminue,
    Ton empire se perd, tu révoltes les tiens,
    Faute de ne chasser une infernale peste
    Qui fait que tout le monde à bon droit te déteste,
    Pour ne pouvoir jouir sûrement de tes biens.

    C'est de ton doux repos la mortelle ennemie,
    C'est une mort cruelle au milieu de la...

  • Enfin, l'Amour cruel à tel point m'a rangé
    Que ma triste dépouille en cendre est convertie,
    Et votre cruauté ne s'est onc amortie,
    Que mon coeur par le feu n'ait été saccagé.

    Au moins pour le loyer de m'avoir outragé,
    Faites ainsi que fit la reine de Carie,
    Non par amour comme elle, ains pleine de furie,
    Buvez le peu de cendre en quoi je suis...

  • Amour en même instant m'aiguillonne et m'arrête,
    M'assure et me fait peur, m'ard et me va glaçant,
    Me pourchasse et me fuit, me rend faible et puissant,
    Me fait victorieux et marche sur ma tête.

    Ores bas, ores haut, jouet de la tempête,
    Il va comme il lui plait mon navire élançant :
    Je pense être échappé quand je suis périssant,
    Et quand j'ai tout...

  • Celui que l'Amour range à son commandement
    Change de jour en jour de façon différente.
    Hélas ! j'en ai bien fait mainte preuve apparente,
    Ayant été par lui changé diversement.

    Je me suis vu muer, pour le commencement,
    En cerf qui porte au flanc une flèche sanglante,
    Depuis je devins cygne, et d'une voix dolente
    Je présageais ma mort, me plaignant...