• Comme bercée en un hamac
    La pensée oscille et tournoie,
    A cette heure où tout estomac
    Dans un flot d'absinthe se noie.

    Et l'absinthe pénètre l'air,
    Car cette heure est toute émeraude.
    L'appétit aiguise le flair
    De plus d'un nez rose qui rôde.

    Promenant le regard savant
    De ses grands yeux d'aigues-marines,
    Circé cherche d'où vient le...

  • Voici le jour, voici l'heure venue
    Que tu promis me donner un baiser.
    Çà je le veux, me veux-tu refuser
    Ce qui est mien par raison trop connue ?

    Dea qu'est ceci ? hé quelle épaisse nue
    Sille tes yeux et se vient opposer
    A ta raison, l'empêchant d'aviser
    Que ce qu'on dit doit être de tenue ?

    Me le baillant, tu feras ton devoir,
    Çà...

  • Ô jour heureux, heure, temps, et moment,
    Auquel ma dame a d'une foi jurée
    Promis secours à mon âme enferrée
    Dans la prison de l'amoureux tourment !

    Moi trop heureux, et trop heureux amant
    D'avoir enfin ma liesse assurée
    Par celle-là qui naguère acérée
    Me meurtrissait si misérablement.

    Mais, ah ! hélas ! je bâtis sur du sable,
    Je m...

  • La lune blanche
    Luit dans les bois ;
    De chaque branche
    Part une voix
    Sous la ramée ...

    Ô bien-aimée.

    L'étang reflète,
    Profond miroir,
    La silhouette
    Du saule noir
    Où le vent pleure ...

    Rêvons, c'est l'heure.

    Un vaste et tendre
    Apaisement
    Semble descendre
    Du firmament
    Que l'astre irise ......

  • La lune est rouge au brumeux horizon ;
    Dans un brouillard qui danse, la prairie
    S'endort fumeuse, et la grenouille crie
    Par les joncs verts où circule un frisson ;

    Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;
    Des peupliers profilent aux lointains,
    Droits et serrés, leur spectres incertains ;
    Vers les buissons errent les lucioles ;

    Les chats...

  • ... Le mal qui m'a saisi resserre son étreinte.
    La nuit vient. Je me sens seul et triste à mourir.
    Personne auprès de moi pour adoucir ma crainte,
    Pour essuyer mon front et m'aider à mourir. [...]

  • France ! à l'heure où tu te prosternes,
    Le pied d'un tyran sur ton front,
    La voix sortira des cavernes
    Les enchaînés tressailleront.

    Le banni, debout sur la grève,
    Contemplant l'étoile et le flot,
    Comme ceux qu'on entend en rêve,
    Parlera dans l'ombre tout haut ;

    Et ses paroles qui menacent,
    Ses paroles dont l'éclair luit,
    Seront...

  • Un groupe tout à l'heure était là sur la grève,
    Regardant quelque chose à terre. - Un chien qui crève !
    M'ont crié des enfants ; voilà tout ce que c'est. -
    Et j'ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait.
    L'océan lui jetait l'écume de ses lames.
    - Voilà trois jours qu'il est ainsi, disaient des femmes,
    On a beau lui parler, il n'ouvre pas les yeux.
    -...

  • Voici encor de l'heure qui s'argente,
    mêlé au doux soir, le pur métal
    et qui ajoute à la beauté lente
    les lents retours d'un calme musical.

    L'ancienne terre se reprend et change :
    un astre pur survit à nos travaux.
    Les bruits épars, quittant le jour, se rangent
    et rentrent tous dans la voix des eaux.

  • Tel soir fané, telle heure éphémère suscite
    Aux miroirs de mon âme un souvenir de site ;
    Sites recomposés, qu'on eût dit oubliés :
    D'un canal mort avec deux rangs de peupliers

    Dont les feuilles vont se cherchant comme des lèvres ;
    Et d'une âpre colline où de bêlantes chèvres,
    Dont le cri se déchire aux épines aussi,
    S'appellent l'une l'autre, et d'un...