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    Ainsi qu'on voit pleurer la chaste tourterelle
    Quand la mort a éteint la moitié de son cœur,
    Je veux en accusant ma fortune cruelle,
    Éloigné de vos yeux soupirer ma douleur.

    N'ai-je pas bien raison de faire ouïr ma plainte,
    Puis qu'à votre départ mon cœur s'en va de moi ?
    Et que ployant au joug d'une force contrainte
    Il me faut supporter mon...

  • Maint homme qui m'entend, lors qu'ainsi je la vante,
    N'ayant oncq rien pareil en nulle autre esprouvé,
    Pense, ce que j'en dis, que je l'aye trouvé,
    Et croit qu'à mon plaisir ces louanges j'invente.

    Mais si rien de son los en sa faveur l'augmente,
    Si de mentir pour elle il m'est oncq arrivé,
    Je consens que je sois de son amour privé ;
    Je consens,...

  • Puis qu'ainsi sont mes dures destinees,
    J'en saouleray, si je puis, mon soucy,
    Si j'ay du mal, elle le veut aussi :
    J'accompliray mes peines ordonnees.

    Nymphes des bois, qui avez, estonnees,
    De mes douleurs, je croy, quelque mercy,
    Qu'en pensez-vous ? Puis-je durer ainsi,
    Si à mes maux tresves ne sont donnees ?

    Or si quelqu'une à m'...

  • Ce n'est pas moy que l'on abuse ainsi :
    Qu'à quelque enfant, ces ruzes on emploie,
    Qui n'a nul goust, qui n'entend rien qu'il oye :
    Je sçay aymer, je sçay hayr aussi.

    Contente toy de m'avoir jusqu'ici
    Fermé les yeux ; il est temps que j'y voie,
    Et que meshui las et honteux je soye
    D'avoir mal mis mon temps et mon souci.

    Oserois tu, m'...

  • Ainsi qu'on voit pleurer la chaste tourterelle
    Quand la mort a éteint la moitié de son coeur,
    Je veux en accusant ma fortune cruelle,
    Éloigné de vos yeux soupirer ma douleur.

    N'ai-je pas bien raison de faire ouïr ma plainte,
    Puis qu'à votre départ mon coeur s'en va de moi ?
    Et que ployant au joug d'une force contrainte
    Il me faut supporter mon...

  • Je voudrais être ainsi comme un Penthée,
    Nouveau toureau pour me voir déchiré
    De la dent croche et de l'ongle acérée
    D'une panthère à la peau tachetée.

    Je voudrais voir Diane une nuitée
    Baigner à nu, pour être dévoré
    Comme Actéon ; le trépas assuré
    Aurait bientôt ma douteur limitée.

    Non, non, pourtant je ne voudrais meugler,
    Mais...

  • Feux déliens, ainsi qu'il, vous plaira,
    Faites flamber vos lampes allumées,
    Guidez les jours et les nuits assommées
    De coi sommeil, comme il vous semblera !

    Deux feux astrés ma maîtresse Flore a,
    Par qui les nuits me sont ores semées,
    Ores les jours, planètes estimées
    Du dieu Amour, lequel me les montra.

    Quand je les vois, ma journée...

  • Voyant ces monts de veue ainsi lointaine
    Je les compare à mon long desplaisir.
    Haut est leur chef, et hault est mon desir,
    Leur pied est ferme et ma foy est certaine.

    D'eux mainct ruisseau coule et mainte fontaine,
    De mes deux yeulx sortent pleurs à loisir ;
    De forts souspirs ne me puis dessaisir,
    Et de grands vents leur cime est toute plaine....

  • Ainsi que tous les corps que la nature anime,
    Et forme inanimez en ce clos rondissant
    Ont leur cause, leur centre, et vont resortissant
    Au centre, qu'elle enferme au creux de son abysme,

    Ainsi que tous les poincts qu'en sa masse sublime
    Contient la pyramide és nues se haussant,
    Se ramenent ensamble, et se vont unissant
    Au joint indivisible eslevé...

  • Oui, mais ainsi qu'on voit en la guerre civile
    Les débats des plus grands, du faible et du vainqueur
    De leur douteux combat laisser tout le malheur
    Au corps mort du pays, aux cendres d'une ville,

    Je suis le champ sanglant où la fureur hostile
    Vomit le meurtre rouge, et la scythique horreur
    Qui saccage le sang, richesse de mon coeur,
    Et en se...