• Il était une fois un gars si laid, si laid
    Et si bête ! qu'aucune fille ne voulait
    Lui faire seulement l'aumône d'un sourire ;
    Or, d'avoir trop longtemps souffert l'affreux martyre
    De ne pas être aimé lorsque chante l'amour,
    Le pauvre gars s'en vint à mourir un beau jour...
    On l'emmena dormir au fond du cimetière,
    Mais, son âme, un Avril, s'échappa de...

  • (Légende du Moyen Age)

    Le beau chevalier était à la guerre...
    Le beau chevalier avait dit adieu
    A sa dame aimée, Anne de Beaucaire
    Aux yeux plus profonds que le grand ciel bleu.

    Le beau chevalier, à genoux près d'elle,
    Avait soupiré, lui baisant la main :
    " Je suis tout à vous ! soyez-moi fidèle ;
    A bientôt !... je vais me mettre en chemin...

  • Madame, c'est moi qui viens.
    Moi, cela ne vous dit rien !
    Je viens vous chanter quand même
    Ce que mon coeur a rimé
    Et si vous voulez m'aimer ?
    Moi : c'en est un qui vous aime !

    Oh ! vos mains, dont les pâleurs
    Bougent, en gestes de fleurs
    Qu'un peu de brise caresse !
    Oh ! vos beaux yeux impérieux !
    Un seul regard de ces yeux
    Dit...

  • Comme s'effeuille une rose
    L'amante dolente aux traits
    Ravagés par la chlorose
    Est morte au soir des regrets
    Et sur le bord de sa fosse
    Le vieux prêtre au dos cassé
    A glapi de sa voix fausse
    Requiescat in pace !...

    Et maintenant pauvre chère
    Elle git loin du soleil
    Sous le grand champ en jachère
    Où tout est paix et sommeil
    ...

  • Un soir d'hiver, quand de partout,
    Les corbeaux s'enfuient en déroute,
    Dans un fossé de la grand'route,
    Près d'une borne, n'importe où
    Pleurant avec le vent qui blesse
    Leurs petits corps chétifs et nus,
    Pour souffrir des maux trop connus,
    Les gueux naissent.

    Pour narguer le destin cruel,
    Le Dieu d'en haut qui les protège
    En haut...

  • L'an dernier, je les vis encor
    Le petit frère aimable et rose
    Dans sa tunique à boutons d'or
    Avec sa soeur que la chlorose

    Emportait - oh ! bien doucement -
    Vers la tombe muette et blanche.
    Je les vis en me promenant
    Sur le boulevard, le dimanche

    Suivis de leur père, un monsieur
    A barbiche, un vieux militaire,
    Qui portait la...

  • Dame ! vois-tu les grands blés d'or
    Sous les couchants de Messidor
    Saillir longs et droits de la glèbe.
    Ils ne sont pas encor si longs
    Que les flots de tes cheveux blonds
    Où je cache mon front d'éphèbe.

    Dame ! écoute la voix du vent
    Dont l'aile caresse en rêvant
    Une par une chaque tige.
    Elle est moins vibrante d'émoi
    Que ta...

  • Ben oui, notre amour était mort
    Sous les faux des moissons dernières,
    (La javelle fut son suaire ...)
    Ben oui, notre amour était mort,
    Mais voici que je t'aime encor !

    Pan pan ! pan pan ! à grands coups sourds,
    Comme lorsqu'on cloue une bière,
    J'ai battu les gerbes sur l'aire ;
    Pan pan ! pan pan ! à grands coups sourds
    Sur le cercueil...

  • (Sonnet)

    A ma dame.

    Ton âme avait alors la blancheur des grands lys
    Que berce la chanson des vents rasant la terre ;
    L'Amour était encor pour toi tout un mystère,
    Et la sainte candeur te drapait dans les plis

    De sa robe... Ce fut par les bois reverdis,
    A l'heure où dans le ciel perce la lune austère.
    Je te vis, je t'aimai, je ne pus...

  • Le soir étend sur les grands bois
    Son manteau d'ombre et de mystère ;
    Les vieux menhirs, dans la bruyère
    Qui s'endort, veillent et des voix
    Semblent sortir de chaque pierre.
    L'heure est muette comme aux temps
    Où, dans les forêts souveraines,
    Les vierges blondes et sereines
    Et les druides aux cheveux blancs
    Allaient cueillir le gui des...