• Sur une roue infatigable,
    Qu’emporte un vague tourbillon,
    Je vois rouler comme le sable
    Au vent fougueux de l’aquilon,
    Autour de moi, voûtes brûlantes,
    Spectres confus, ombres volantes,

    Hymnes funèbres, chants hideux
    … Et toujours la roue inflexible
    Qui tourne, tourne irrésistible
    À travers l’abîme orageux !

    Quels oiseaux, en...

  •  
    Il t’aime ! il t’aime ! — il me l’a dit :
    Ses regards me l’ont fait comprendre ;
    Fatal aveu ! secret maudit !
    Est-ce moi qui devais l’entendre ?
    Il t’aime ! — À ce mot accablant,
    Mon front s’est couvert d’un nuage ;
    J’ai senti se troubler mon sang,
    Et ma lèvre a tremblé de rage.

    Et j’ai pu le voir, l’écouter !
    Sans rompre à grands...

  •  
    « Je la verrai : l’air est serein,
    « Le ciel est pur et sans nuage ;
    « Sous les tilleuls de ce jardin
    « Elle viendra chercher l’ombrage.
    « De loin mes regards la suivront
    « Parmi la foule murmurante ;
    « Nos yeux muets se parleront,
    « Et j’oublierai ma longue attente.

    « Je ne la verrai pas ! non, non !
    « Le lilas tremble sur sa tige...

  •  
    De fleur en fleur,
    De tige en tige,
    Ma folle humeur
    Plane et voltige.
    Sur son lit d’or,
    Las de la veille,
    Le riche encor
    Ivre sommeille,
    Qu’au jour naissant,
    Courant, chassant
    A l’aventure,
    J’ai respiré,
    J’ai savouré
    L’air épuré
    De la nature.

    Sots papillons,
    Hideux reptiles,
    Guêpes...

  •  
    Enfant mélodieux de la belle Italie,
              Que fais-tu dans ces bois ?
    Ne te souvient-il plus de la douce magie
              De tes sons d'autrefois ?

    Qu'as-tu fait des accords dont tu charmais naguère
              Les pâtres de l'Arno,
    Ou que tu mariais à la danse légère
              Des vierges du Lido ?

    Réveille-toi, beau luth ! entends...

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    La vie humaine est une rive
    Où, sur le bord, nous attendons
    Qu’à son retour le flux arrive
    Laver l’empreinte fugitive
    Des pas qu’en vain nous y traçons.

    Le ciel est bleu, la, mer est belle,
    Zéphyrs, oiseaux prennent l’essor ;
    Mais lorsque aux jeux tout nous appelle,
    Le bruit de la vague éternelle,
    De loin, se fait entendre encor....

  •  
    Je ne chanterai pas sous un nom fabuleux
    Les traits de celle qui m’est chère.
    Que d’autres sur un luth vulgaire,
    Usurpant, sans aimer, le langage amoureux,
    Célèbrent leur Thémire, invoquent leur Glycère ;
    Moi qui fuis, moi qui hais toute vaine chimère,
    Je ne chanterai pas sous ces noms fabuleux
    Les traits de celle qui m’est chère.

    Je...

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    Gentille batelière
    Des rives de l’Adour,
    Les cils de ta paupière
    Sont humectés d’amour.

    La volupté respire
    En tes yeux, en tes bras ;
    Mais ton charmant sourire
    Ne me retiendra pas.

    Sur ton humble nacelle
    Amené dans ce jour,
    Avant l’aube nouvelle
    J’aurai fui sans retour.
    Ah ! jette un œil moins tendre
    Sur un...

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    Sur ces rocs, pauvre lyre,
    Où, muette, tu dors,
    Quel caprice t’inspire
    Ces sauvages accords.

    Est-ce un cri qui m’accuse,
    Un appel douloureux,
    Un reproche à la Muse
    Qui t’oublie en ces lieux !

    Eh oui ! ces ondes claires,
    Ces cieux resplendissans,
    Ces bois si solitaires,
    Demanderaient des chants ;
    Mais les bois, la...

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    Avez-vous vu la lune solitaire
    À l’horizon se former lentement ?
    Ce n’est d’abord qu’une vapeur légère,
    Qu’un blanc nuage indécis et flottant.
    Bientôt, la nuit épaississant ses voiles,
    L’orbe céleste a pris plus de rondeur ;
    Il s’illumine, il s’entoure d’étoiles,
    Et brille enfin de toute sa splendeur.

    Tel à nos yeux s’annonce le génie ;...