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    Astre demi-caché, mystérieuse étoile !
    Idole du génie et de la vérité,
    Quelle es-tu ? — Sous quels cieux te montres-tu sans voile ?
    Qui te voit dans ta grâce et dans ta nudité ?

    Le bien , le vrai, le beau, perfection suprême !
    Sous tous ces noms divers on t'adore en tout lieu,
    Depuis le sage allier qui te cherche en lui-même,
    Jusqu'à l'humble...

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    Un morne silence
    Règne en ton réduit :
    L'heure en ton absence
    S'y traîne, et languit.
    Tandis qu'infidèle,
    Tu cours où t'appelle
    Le char du plaisir,
    Moi, sombre et farouche,
    Au pied de ta couche
    Je reviens gémir.
     
    L'horloge inactive
    Dans l'oubli s'endort.
    Sa roue est oisive,
    Son pendule est mort.
    ...

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    Hélas ! rapide météore,
    Trop vite elle a fui loin de nous.
    (BERANGER.)

    Tu vas partir : vers un autre rivage,
    Sourde à nos vœux, tu diriges tes pas.
    Ah ! quels succès vaudront le pur hommage
    Qu’en t’admirant je t’adressais tout bas ?

    Comme un oiseau venu d’une autre terre,
    Un seul moment a nos yeux tu parus.
    Tu...

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    J’ai senti nos lèvres s’unir,
    De tes bras j’ai senti l’étreinte,
    Et tu m’abordes sans rougir !
    Et tu me parles sans contrainte !
    Hélas ! au calme de tes traits,
    À l’innocence de ton aine,
    Je le vois trop : tu l’ignorais,
    Le prix de ce baiser de flamme.

    Tu l'as donné sans y songer,
    Comme un jeu que permet le monde,
    Comme en...

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    Sur une lance, au bord du camp,
    Ils avaient exposé sa tête
    Aux vils outrages du passant,
    Aux vents glacés de la tempête !
    O fureur ! et nos faibles bras
    En vain s’agitaient dans les chaînes !....
    Mais au sein même du trépas
    Dieu veille encor sur les Hellènes.

    J’ai vu, du haut des rocs diserts,
    Fondant sur ces débris funestes,...

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    Quel vent t’amène aux portes de nos villes,
    Pauvre colombe, habitante des champs ?
    Loin de ton nid, loin de tes bois tranquilles,
    Que viens-tu faire au pays des méchants ?

    Pour tes petits, industrieuse mère,
    Viens-tu chercher quelque grain dans nos murs ?
    Hélas ! ces murs n’ont qu’aride poussière,
    Ruisseaux fangeux, pierres, débris impurs....

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    Who would check the happy feeling
    That inspire the linnet’s song ?
    Who would stop the swallow, wheeling
    On her pinions swift and strong ?
    (Wordsworth.)

    Tu fuis mes pas, beauté légère !
    Inhabile à te retenir,
    Dans le tumulte du plaisir
    Ma voix, expire solitaire.

    Comme l’enfant, dans son ardeur,
    Échappé des...

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    L’ÉTOILE.

    Où vas-tu, comète insensée,
    À travers l’océan des airs ?

    LA COMÈTE.

    Docile au dieu qui m’a lancée,
    Visiter d’autres univers.

    L’ÉTOILE.

    De cieux en cieux, de monde en monde
    Veux-tu donc t’égarer toujours,
    Sans loi qui règle de ton cours
    La force aveugle et vagabonde ?

    LA COMÈTE.

    Et que sais-tu,...

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    Apollon dans l’exil végète sur la terre.
    Dépouillé de sa gloire, il a fui loin du ciel,
    Errant, comme l’aiglon qu’a rejeté son père
               Loin du nid maternel.

    Ah ! plaignez le destin du dieu de l’harmonie !
    Des plus vils des humains il a subi la loi ;
    Et celui dont l’Olympe admirait le génie
               Est l’esclave d’un roi !

    ...

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    Prends cette rose, et sur ton cœur
    Réchauffe-la, quoique flétrie ;
    Sous d’autres cieux, triste et rêveur,
    Pour te l’offrir je l’ai cueillie.
    Elle a vécu ; — mais à tes yeux
    Sa fleur encor paraîtra belle,
    Si tu te dis qu’aux mêmes lieux
    Ton souvenir vivait comme elle.

    Sur un tombeau, que de vieux pins
    Couvrent d’une ombre ténébreuse...