• Tenez, lecteur ! - souvent, tout seul, je me promène
    Au lieu qui fut jadis la barrière du Maine.
    C'est laid, surtout depuis le siège de Paris.
    On a planté d'affreux arbustes rabougris
    Sur ces longs boulevards où naguère des ormes
    De deux cents ans croisaient leurs ramures énormes.
    Le mur d'octroi n'est plus ; le quartier se bâtit.
    Mais c'est là que...

  • Espiègle ! j'ai bien vu tout ce que vous faisiez,
    Ce matin, dans le champ planté de cerisiers
    Où seule vous étiez, nu-tête, en robe blanche.
    Caché par le taillis, j'observais. Une branche,
    Lourde sous les fruits mûrs, vous barrait le chemin
    Et se trouvait à la hauteur de votre main.
    Or, vous avez cueilli des cerises vermeilles,
    Coquette ! et les avez mises à...

  • Dans le faubourg qui monte au cimetière,
    Passant rêveur, j'ai souvent observé
    Les croix de bois et les tombeaux de pierre
    Attendant là qu'un nom y fût gravé.

    Tu m'es ravie, enfant, et la nuit tombe
    Dans ma pauvre âme où l'espoir s'amoindrit ;
    Mais sur mon coeur, comme sur une tombe,
    C'est pour toujours que ton nom est écrit.

  • Dans la plaine blonde et sous les allées,
    Pour mieux faire accueil au doux messidor,
    Nous irons chasser les choses ailées,
    Moi, la strophe, et toi, les papillons d'or.

    Et nous choisirons les routes tentantes,
    Sous les saules gris et près des roseaux,
    Pour mieux écouter les choses chantantes,
    Moi, le rythme, et toi, le choeur des oiseaux.

    ...

  • Le salon s'ouvre sur le parc
    Où les grands arbres, d'un vert sombre,
    Unissent leurs rameaux en arc
    Sur les gazons qu'ils baignent d'ombre.

    Si je me retourne soudain
    Dans le fauteuil où j'ai pris place,
    Je revois encor le jardin
    Qui se reflète dans la glace ;

    Et je goûte l'amusement
    D'avoir, à gauche comme à droite,
    Deux parcs...

  • Elle sait que l'attente est un cruel supplice,
    Qu'il doit souffrir déjà, qu'il faut qu'elle accomplisse
    Le serment qu'elle a fait d'être là, vers midi.
    Mais, parmi les parfums du boudoir attiédi,
    Elle s'est attardée à finir sa toilette.
    Et devant le miroir charmé qui la reflète,
    Elle s'impatiente à boutonner son gant ;
    Et rien n'est plus joli que le geste...

  • Quand de la divine enfant de Norvège,
    Tout tremblant d'amour, j'osai m'approcher,
    Il tombait alors des flocons de neige.

    Comme un martinet revole au clocher,
    Quand je la revis, plein d'ardeurs plus fortes,
    Il tombait alors des fleurs de pêcher.

    Ah ! je te maudis, exil qui l'emportes
    Et me veux du coeur l'espoir arracher !
    Il ne tombe plus...

  • Le hibou parmi les décombres
    Hurle, et Décembre va finir ;
    Et le douloureux souvenir
    Sur ton coeur jette encor ses ombres.

    Le vol de ces jours que tu nombres,
    L'aurais-tu voulu retenir ?
    Combien seront, dans l'avenir,
    Brillants et purs ; et combien, sombres ?

    Laisse donc les ans s'épuiser.
    Que de larmes pour un baiser,
    Que d'...

  • L'allée est droite et longue, et sur le ciel d'hiver
    Se dressent hardiment les grands arbres de fer,
    Vieux ormes dépouillés dont le sommet se touche.
    Tout au bout, le soleil, large et rouge, se couche.
    À l'horizon il va plonger dans un moment.
    Pas un oiseau. Parfois un léger craquement
    Dans les taillis déserts de la forêt muette ;
    Et là-bas, cheminant, la...

  • Quand vous me montrez une rose
    Qui s'épanouit sous l'azur,
    Pourquoi suis-je alors plus morose ?
    Quand vous me montrez une rose,
    C'est que je pense à son front pur.

    Quand vous me montrez une étoile,
    Pourquoi les pleurs, comme un brouillard,
    Sur mes yeux jettent-ils leur voile ?
    Quand vous me montrez une étoile,
    C'est que je pense à son...