• Ni sanglants autels, ni rites barbares.
    Les cheveux noués d'un lien de fleurs,
    Une Ionienne aux belles couleurs
    Danse sur la mousse, au son des kithares.
    Ni sanglants autels, ni rites barbares :
    Des hymnes joyeux, des rires, des fleurs !

    Satyres ni Pans ne troublent les danses.
    Un jeune homme ceint d'un myrte embaumé
    Conduit de la voix le...

  • Un beau soir revêt de chaudes couleurs
    Les massifs touffus pleins d'oiseaux siffleurs
    Qui, las de chansons, de jeux, de querelles,
    Le col sous la plume, et près de dormir,
    Écoutent encor doucement frémir
    L'onde aux gerbes grêles.

    D'un ciel attiédi le souffle léger
    Dans le sycomore et dans l'oranger
    Verse en se jouant ses vagues murmures ;...

  • Aux pentes du coteau, sous les roches moussues,
    L'eau vive en murmurant filtre par mille issues,
    Croît, déborde, et remue en son cours diligent
    La mélisse odorante et les cailloux d'argent.
    Le soir monte : on entend s'épandre dans les plaines
    De flottantes rumeurs et de vagues haleines,
    Le doux mugissement des grands boeufs fatigués
    Qui s'arrêtent pour boire...

  • Toi que Rhode entière a couronné roi
    Du bel art de peindre, Artiste, entends-moi.
    Fais ma bien-aimée et sa tresse noire
    Où la violette a mis son parfum,
    Et l'arc délié de ce sourcil brun
    Qui se courbe et fuit sous un front d'ivoire.
    Surtout, Rhodien, que son oeil soit bleu
    Comme l'onde amère et profond comme elle,
    Qu'il charme à la fois et qu'il...

  • Pan

    Pan d'Arcadie, aux pieds de chèvre, au front armé
    De deux cornes, bruyant, et des pasteurs aimé,
    Emplit les verts roseaux d'une amoureuse haleine.
    Dès que l'aube a doré la montagne et la plaine,
    Vagabond, il se plaît aux jeux, aux choeurs dansants
    Des Nymphes, sur la mousse et les gazons naissants.
    La peau du lynx revêt son dos ; sa tête est ceinte
    De l'...

  • La nue était d'or pâle, et, d'un ciel doux et frais,
    Sur les jaunes bambous, sur les rosiers épais,
    Sur la mousse gonflée et les safrans sauvages,
    D'étroits rayons filtraient à travers les feuillages.
    Un arome léger d'herbe et de fleurs montait ;
    Un murmure infini dans l'air subtil flottait :
    Choeur des Esprits cachés, âmes de toutes choses,
    Qui font...

  • Le ciel, aux lueurs apaisées,
    Rougissait le feuillage épais,
    Et d'un soir de mai, doux et frais,
    On sentait perler les rosées.

    Tout le jour, le long des sentiers,
    Vous aviez, aux mousses discrètes,
    Cueilli les pâles violettes
    Et défleuri les églantiers.

    Vous aviez fui, vive et charmée,
    Par les taillis, en plein soleil ;
    Un flot de...

  • Éros m'a frappé d'une tige molle
    D'oeillets odorants récemment cueillis
    Il fuit à travers les sombres taillis,
    À travers les prés il m'entraîne et vole.
    Sans une onde vive où me ranimer,
    Je le suis, je cours dès l'aube vermeille ;
    Mes yeux sont déjà près de se fermer,
    Je meurs ; mais le Dieu me dit à l'oreille :
    - Oh ! le faible coeur qui ne peut...

  • Marbre sacré, vêtu de force et de génie,
    Déesse irrésistible au port victorieux,
    Pure comme un éclair et comme une harmonie,
    O Vénus, ô beauté, blanche mère des Dieux !

    Tu n'es pas Aphrodite, au bercement de l'onde,
    Sur ta conque d'azur posant un pied neigeux,
    Tandis qu'autour de toi, vision rose et blonde,
    Volent les Rires d'or avec l'essaim des Jeux....

  • Vous vivez lâchement, sans rêve, sans dessein,
    Plus vieux, plus décrépits que la terre inféconde,
    Châtrés dès le berceau par le siècle assassin
    De toute passion vigoureuse et profonde.

    Votre cervelle est vide autant que votre sein,
    Et vous avez souillé ce misérable monde
    D'un sang si corrompu, d'un souffle si malsain,
    Que la mort germe seule en cette...