• Un pavillon à claires-voies
    Abrite doucement nos joies
    Qu'éventent des rosiers amis;

    L'odeur des roses, faible, grâce
    Au vent léger d'été qui passe,
    Se mêle aux parfums qu'elle a mis ;

    Comme ses yeux l'avaient promis,
    Son courage est grand et sa lèvre
    Communique une exquise fièvre ;

    Et l'Amour comblant tout, hormis
    La Faim,...

  • (A Germain Nouveau)

    Dans une rue, au coeur d'une ville de rêve
    Ce sera comme quand on a déjà vécu :
    Un instant à la fois très vague et très aigu...
    Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !

    Ô ce cri sur la mer, cette voix dans les bois !
    Ce sera comme quand on ignore des causes ;
    Un lent réveil après bien des métempsycoses :
    Les choses seront...

  • Palerme ! sur tes monts déserts
    Que la fraîcheur du soir descende,
    Et que son ombre se suspende
    Comme une gaze dans les airs.

    Prodigues de leur riche offrande,
    Tes aloès, tes myrtes verts,
    Exhalent, au souffle des mers,
    Tous les parfums de leur guirlande.

    Aux bruits des flots mêlant ses bruits,
    La brise alors redit aux nuits...

  • (A M. Louis de Ronchaud)

    I

    Regardez-les passer, ces couples éphémères !
    Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment,
    Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
    Font le même serment :

    Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent
    Avec étonnement entendent prononcer,
    Et qu'osent répéter des...

  • Il s'ouvre par-delà toute science humaine
    Un vide dont la Foi fut prompte à s'emparer.
    De cet abîme obscur elle a fait son domaine ;
    En s'y précipitant elle a cru l'éclairer.
    Eh bien ! nous t'expulsons de tes divins royaumes,
    Dominatrice ardente, et l'instant est venu
    Tu ne vas plus savoir où loger tes fantômes ;
    Nous fermons l'Inconnu.

    Mais...

  • À Ernest Havet.

    ............

    DERNIER MOT

    Un dernier mot, Pascal ! À ton tour de m'entendre
    Pousser aussi ma plainte et mon cri de fureur.
    Je vais faire d'horreur frémir ta noble cendre,
    Mais du moins j'aurai dit ce que j'ai sur le coeur.

    À plaisir sous nos yeux lorsque ta main déroule
    Le tableau désolant des humaines douleurs,...

  • Corrida de Muerte

    Les hauts barons blasonnés d'or,
    Les duchesses de similor,
    Les viveuses toutes hagardes,
    Les crevés aux faces blafardes,
    Vont s'égayer. Ah ! oui, vraiment,
    Jacques Bonhomme est bon enfant.

    C'est du sang vermeil qu'ils vont voir.
    Jadis, comme un rouge abattoir,
    Paris ne fut pour eux qu'un drame
    Et ce...

  • Ton ciel toujours un peu
    bleu
    Le matin souvent un peu
    pleut

    Dordrecht endroit si beau
    Tombeau
    De mes illusions chéries

    Quand j'essaye à dessiner
    Tes canaux, tes toits, ton clocher
    Je me sens comme aimer
    Des patries

    Mais le soleil et les cloches
    Ont bien vite resséché
    Pour la grand-messe et les brioches...

  • Cuyp, soleil déclinant dissous, dans l'air limpide
    Qu'un vol de ramiers gris trouble comme de l'eau,
    Moiteur d'or, nimbe au front d'un boeuf ou d'un bouleau,
    Encens bleu des beaux jours fumant sur le coteau,
    Ou marais de clarté stagnant dans le ciel vide.
    Des cavaliers sont prêts, plume rose au chapeau,
    Paume au côté ; l'air vif qui fait rose leur peau,...

  • Douce fierté des coeurs, grâce noble des choses,
    Qui brillent dans les yeux, les velours et les bois ;
    Beau langage élevé du maintien et des poses
    Héréditaire orgueil des femmes et des rois !

    Tu triomphes, Van Dyck, prince des gestes calmes,
    Dans tous les êtres beaux qui vont bientôt mourir,
    Dans toute belle main qui sait encor s'ouvrir...
    Sans s'en...