• M. C. M. III.

    Dormez, ami ; demain votre âme
    Prendra son vol plus haut.
    Dormez, mais comme le gerfaut,
    Ou la couverte flamme.

    Tandis que dans le couchant roux
    Passent les éphémères,
    Dormez sous les feuilles amères.
    Ma jeunesse avec vous.

  • " - Embrassez-moi, petite fille,
    Là, bien. Quoi de nouveau ?
    As-tu retrouvé le cerveau
    Qui manque à ta famille ?

    Dis-moi, c'est vrai que le curé
    Est mal avec la poste ?
    Et comment va Chose... Lacoste,
    L'ami de Poyarré ? "

    Je devinais, dans la pénombre,
    Que tu tirais tes bas.
    Ton coeur d'oiseau battait tout bas :
    La chambre...

  • Est-ce moi qui pleurais ainsi
    - Ou des veaux qu'on empoigne -
    D'écouter ton pas qui s'éloigne,
    Beauté, mon cher souci ?

    Et (je t'en fis, à pneumatique,
    Part, - sans aucun bagou)
    Ces pleurs, ma chère, avaient le goût
    De l'onde adriatique.

    Oui, oui : mais vous parlez de cri,
    Quand je repris ma lettre.
    Grands dieux !... J'aurais mieux...

  • Ce fut par un soir de l'automne
    A sa dernière fleur
    Que l'on nous prit pour Mgr
    L'Evêque de Bayonne,

    Sur la route de Jurançon.
    J'étais en poste, avecque
    Faustine, et l'émoi d'être évêque
    Lui sécha sa chanson.

    Cependant cloches, patenôtres,
    Volaient autour de nous.
    Tout un peuple était à genoux :
    Nous mêlions les nôtres,
    ...

  • Ô jour qui meurs à songer d'elle
    Un songe sans raison,
    Entre les plis du noir gazon
    Et la rouge asphodèle ;

    N'est-ce pas, aux feux du plaisir
    Inclinée et rebelle,
    Elle encor, mais cent fois plus belle,
    Et de flamme à saisir ?

    ... là-bas monte la voix dernière
    D'un bouvier sous les cieux.
    On n'entend plus que ses essieux
    ...

  • On descendrait, si vous l'osiez,
    D'en haut de la terrasse,
    Jusques au seuil, où s'embarrasse
    Le pas dans les rosiers.

    D'un martin pêcheur qui s'élance
    L'éclair n'a que passé ;
    Et la source ; à son pleur glacé,
    Alterne un noir silence.

    L'Angélus, dans le couchant roux,
    Comme un parfum s'efface.
    Lilith, en détournant sa face,...

  • Avril, dont l'odeur nous augure
    Le renaissant plaisir,
    Tu découvres de mon désir
    La secrète figure.

    Ah, verse le myrte à Myrtil,
    L'iris à Desdémone :
    Pour moi d'une rose anémone
    S'ouvre le noir pistil.

  • Au mois d'aimer, au mois de Mai,
    Quand Zo' va cherchant sous les branches
    Le bien-aimé,

    Son jupon, tendu sur les hanches ;
    Me fait songer à l'aile blanche
    Du voilier

    Mers qui battez au pied des mornes
    Et dont un double Pilier.
    Dressa les bornes.

  • Comme à ce roi laconien
    Près de sa dernière heure,
    D'une source à l'ombre, et qui pleure,
    Fauste, il me souvient ;

    De la nymphe limpide et noire
    Qui frémissait tout bas
    - Avec mon coeur - quand tu courbas
    Tes hanches, pour y boire.

  • Un Jurançon 93
    Aux couleurs du maïs,
    Et ma mie, et l'air du pays :
    Que mon coeur était aise.

    Ah, les vignes de Jurançon,
    Se sont-elles fanées,
    Comme ont fait mes belles années,
    Et mon bel échanson ?

    Dessous les tonnelles fleuries
    Ne reviendrez-vous point
    A l'heure où Pau blanchit au loin
    Par-delà les prairies ?