• Le sage aime la paix et la douceur des plantes,
    Leurs regards féminins et leur sérénité,
    Et le sage aime aussi les bêtes nonchalantes
    Qui dorment près de lui dans l'immobilité.

    Le soir, quand il succombe au lourd poids de la vie,
    Qu'il est las de penser et de rêver toujours,
    Il va parmi les bois, et sa tristesse envie
    Les fleurs qui vont s'ouvrir à de...

  • Tout est mensonge : aime pourtant,
    Aime, rêve et désire encore ;
    Présente ton coeur palpitant
    À ces blessures qu'il adore.

    Tout est vanité : crois toujours,
    Aime sans fin, désire et rêve ;
    Ne reste jamais sans amours,
    Souviens-toi que la vie est brève.

    De vertu, d'art enivre-toi ;
    Porte haut ton coeur et ta tête ;
    Aime la pourpre,...

  • Les êtres pour le Sage ont l'aspect de fantômes ;
    Vaine agitation de forces et d'atomes,
    Un mouvement sans but tourmente l'univers,
    Que sans but réfléchit l'eau calme de mes vers.

  • Souvent un grand désir de choses inconnues,
    D'enlever mon essor aussi haut que les nues,
    De ressaisir dans l'air des sons évanouis,
    D'entendre, de chanter mille chants inouïs,
    Me prend à mon réveil ; et voilà ma pensée
    Qui, soudain rejetant l'étude commencée,
    Et du grave travail, la veille interrompu,
    Détournant le regard comme un enfant repu,
    ...

  • Que de fois, près d'Oxford, en ce vallon charmant,
    Ou l'on voit fuir sans fin des collines boisées
    Des bruyères couper des plaines arrosées,
    La rivière qui passe et le vivier dormant,

    Pauvre étranger d'hier, venu pour un moment,
    J'ai reconnu, parmi les maisons ardoisées,
    Le riant presbytère et ses vertes croisées,
    Et j'ai dit en mon coeur : Vivre ici...

  • J'ai fait le tour des choses de la vie ;
    J'ai bien erré dans le monde de l'art ;
    Cherchant le beau, j'ai poussé le hasard:
    Dans mes efforts la grâce s'est enfuie !

    A bien des coeurs où la joie est ravie,
    J'ai demandé du bonheur, mais trop tard !
    A maint orage, éclos sous un regard,
    J'ai dit : Renais, ô flamme évanouie !

    Et j'ai trouvé, bien...

  • Laissez-moi ! tout a fui. Le printemps recommence ;
    L'été s'anime, et le désir a lui ;
    Les sillons et les coeurs agitent leur semence.
    Laissez-moi ! tout a fui.

    Laissez-moi ! dans nos champs, les roches solitaires,
    Les bois épais appellent mon ennui.
    Je veux, au bord des lacs, méditer leurs mystères,
    Et comment tout m'a fui.

    Laissez-moi m'...

  • pour un ami qui publiait une édition de ce poète

    A toi, Ronsard, à toi, qu'un sort injurieux
    Depuis deux siècles livre aux mépris de l'histoire,
    J'élève de mes mains l'autel expiatoire
    Qui te purifiera d'un arrêt odieux.

    Non que j'espère encore, au trône radieux
    D'où jadis tu régnais, replacer ta mémoire ;
    Tu ne peux de si bas remonter à la...

  • Enfant, je m'étais dit et souvent répété :
    " Jamais, jamais d'amour ; c'est assez de la gloire ;
    En des siècles sans nombre étendons ma mémoire,
    Et semons ici-bas pour l'immortalité. "

    Plus tard je me disais : " Amour et volupté,
    Allez, et gloire aussi ! que m'importe l'histoire ?
    Fantôme au laurier d'or, vierges au cou d'ivoire,
    Je vous fuis pour l'...

  • Les dimanches d'été, le soir, vers les six heures,
    Quand le peuple empressé déserte ses demeures
    Et va s'ébattre aux champs,
    Ma persienne fermée, assis à ma fenêtre,
    Je regarde d'en haut passer et disparaître
    Joyeux bourgeois, marchands,

    Ouvriers en habits de fête, au coeur plein d'aise ;
    Un livre est entr'ouvert près de moi, sur ma chaise :
    Je...